Henri VI, Acte III, scène 1, W. Shakespeare – pleiade Histoires, I,347.
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« Puissants Seigneurs, je viens d’Irlande en toute hâte
Pour vous informer que les rebelles ont pris les armes
Et passent les Anglais au fil de l'épée.
Envoyez des renforts, seigneurs, pour vite arrêter cette furie,
Avant que la blessure ne soit incurable
Car prise à ses débuts, il y a bon espoir d’y remédier .»
Pour vous informer que les rebelles ont pris les armes
Et passent les Anglais au fil de l'épée.
Envoyez des renforts, seigneurs, pour vite arrêter cette furie,
Avant que la blessure ne soit incurable
Car prise à ses débuts, il y a bon espoir d’y remédier .»
« Great Lords, from Ireland I come amain,
To signify that rebels they are up,
And put the Englishmen unto the sword.
Send succours, lords, and stop the rage betime,
Before the wound do grow incurable ;
For being green, there is great hope of help. »
Infortunée et misérable Irlande, l’île aux 150 royaumes Gaéliques, « colonie » anglaise depuis plus de sept siècles, n’en finit pas de lutter – en mai 1981, un de ses fils, Bobby Sands, suivi par huit de ses compagnons, décide d’offrir sa vie à la cause de l’indépendance.
Robert Emmet, déjà martyr, écrivait le 20 septembre 1803, la veille de son exécution : « Quand mon esprit sera porté vers des rivages plus accueillants, quand mon ombre aura rejoint l'armée des héros martyrisés qui ont versé leur sang sur l'échafaud ou le champ de bataille pour défendre leur pays et le Bien, voici mon espoir : je souhaite que mon souvenir et mon nom animent ceux qui me survivront. »
Rien ne change, ni les hommes, ni les événements. De Margaret Thatcher, la dame de fer, impitoyable jusqu’à la fin, l’Histoire renvoyait au cruel Olivier Cromwell, Lord protecteur de la Couronne au XVIIe siècle, dont James Joyce trace le portrait dans Ulysse : « Y a bien eu ce confit en dévotion de Cromwell et ses côtes de fer qui passaient les femmes et les enfants de Drogheda au fil de l’épée avec les paroles de la bible « Dieu est Amour » collées autour de la gueule de ses canons ».
C’est cette Irlande passionnée, indomptable et indomptée que j’ai photographiée avant, pendant et après le martyr de Bobby Sands.
Pays le plus pauvre de l’Europe dont l’Angleterre avait tiré toutes les ressources, épuisé toutes les énergies… Ce pays où Jonathan Swift racontait dans ses écrits Sur L’état de l’Irlande en 1728 : « Les gens misérablement vêtus, nourris, logés. La plus grande partie du Royaume réduite à l’état de désert. Les vieilles gentilhommières et maisons de campagne en ruine – et pas une maison neuve à leur place - Les familles des fermiers que les loyers énormes obligent à vivre de petit-lait et de pommes de terre, crottés, crasseux, sans bas ni souliers, et sans autre toit qu’un taudis bien pire qu’une porcherie anglaise».
C’est cette Irlande là que j’ai rencontrée dans ces mois terribles de 1981. Et cet homme, Bobby Sands, et ses compagnons – quelques actions qu’ils aient commises, l’histoire sera juge – ne méritaient pas cette fin atroce. Saint Augustin, un des quatre pères de l’église occidentale définissait ainsi la « grâce » : mémoire, intelligence et volonté. C’est bien ce dont-il s’agit.
Yan Morvan
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Si je pouvais t'offrir le bleu secret du ciel,
Brodé de lumière d'or et de reflets d'argent,
Le mystérieux secret, le secret éternel,
De la vie et du jour, de la nuit et du temps,
Avec tout mon amour je le mettrais à tes pieds.
Mais moi qui suis pauvre et n'ai que mes rêves,
Sous tes pas je les ai déroulés.
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.
William Butler Yeats
Robert Emmet, déjà martyr, écrivait le 20 septembre 1803, la veille de son exécution : « Quand mon esprit sera porté vers des rivages plus accueillants, quand mon ombre aura rejoint l'armée des héros martyrisés qui ont versé leur sang sur l'échafaud ou le champ de bataille pour défendre leur pays et le Bien, voici mon espoir : je souhaite que mon souvenir et mon nom animent ceux qui me survivront. »
Rien ne change, ni les hommes, ni les événements. De Margaret Thatcher, la dame de fer, impitoyable jusqu’à la fin, l’Histoire renvoyait au cruel Olivier Cromwell, Lord protecteur de la Couronne au XVIIe siècle, dont James Joyce trace le portrait dans Ulysse : « Y a bien eu ce confit en dévotion de Cromwell et ses côtes de fer qui passaient les femmes et les enfants de Drogheda au fil de l’épée avec les paroles de la bible « Dieu est Amour » collées autour de la gueule de ses canons ».
C’est cette Irlande passionnée, indomptable et indomptée que j’ai photographiée avant, pendant et après le martyr de Bobby Sands.
Pays le plus pauvre de l’Europe dont l’Angleterre avait tiré toutes les ressources, épuisé toutes les énergies… Ce pays où Jonathan Swift racontait dans ses écrits Sur L’état de l’Irlande en 1728 : « Les gens misérablement vêtus, nourris, logés. La plus grande partie du Royaume réduite à l’état de désert. Les vieilles gentilhommières et maisons de campagne en ruine – et pas une maison neuve à leur place - Les familles des fermiers que les loyers énormes obligent à vivre de petit-lait et de pommes de terre, crottés, crasseux, sans bas ni souliers, et sans autre toit qu’un taudis bien pire qu’une porcherie anglaise».
C’est cette Irlande là que j’ai rencontrée dans ces mois terribles de 1981. Et cet homme, Bobby Sands, et ses compagnons – quelques actions qu’ils aient commises, l’histoire sera juge – ne méritaient pas cette fin atroce. Saint Augustin, un des quatre pères de l’église occidentale définissait ainsi la « grâce » : mémoire, intelligence et volonté. C’est bien ce dont-il s’agit.
Yan Morvan
—
Si je pouvais t'offrir le bleu secret du ciel,
Brodé de lumière d'or et de reflets d'argent,
Le mystérieux secret, le secret éternel,
De la vie et du jour, de la nuit et du temps,
Avec tout mon amour je le mettrais à tes pieds.
Mais moi qui suis pauvre et n'ai que mes rêves,
Sous tes pas je les ai déroulés.
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.
William Butler Yeats