Rêves, Gloire et Passion
de FLAVIO TARQUINIO

Curated by Photo Doc.

du 9 novembre au 15 décembre 2019

Le projet photographique a été réalisé dans le quartier de Wazemmes à Lille, entre 1989 et 2006, date de la première restitution. L’histoire de Marie-Claude et Alain n’est pas qu’une histoire d’amour, c’est aussi un témoignage. Celui d’une population chassée des centres villes.

« Un jour au café la Cigale, nous avons fait la connaissance de Flavio. Ce jour-là, il s’est intéressé à nous, à notre couple avec notre accord... Après les premières photographies, nous sommes devenus comme des amis. Avec une complicité respective sur des thèmes choisis, nous avons, Marie-Claude et moi, réalisé des décors. Le résultat nous a ravis et amusés. Rêves, gloire et passion et notre mariage en 1997, ce furent de nombreux mois de bonheur !! »

Alain Govaert

La Gloire des Govaert

par Jean-Pascal Billaud

            
« Je garde de ces moments avec Marie Claude, Alain et les autres le fort sentiment d’une construction. »

Cette construction commence pour Flavio Tarquinio, photographe à l’affut des univers populaires, par la rencontre en 1989 dans un bistrot du Nord, La Cigale, avec le couple Govaert, qu’il remarque pour sa vivacité, sa tenue soignée et la bande de potes qui voltigent autour d’eux. Marie Claude, que tous appellent Marie, sanglée dans un tailleur à rayure et Alain veste, chemise blanche et cravate flamboyante semblent présider à la valse des consos qui précèdent le bal sur les notes de Bernard l’accordéoniste…


Plus qu’une histoire d’amour.

Le temps n’est pas notre ami. Il nous dilue, nous absorbe, le temps n’a que faire de nos particularités. Il nous est toujours fatal. Pourtant il faut avoir le temps pour nous approcher des hommes et découvrir leur humanité. Sans le temps nous ne sommes rien.

J’ai rencontré Marie-Claude et Alain en 1989 dans l’un des nombreux cafés d’un quartier populaire de Lille. Ils menaient, dans les différents bars de ce quartier, une vie sociale pleine et intense. Assis à leur table, habillés comme les acteurs d’un film de Duvivier, Marie Claude et Alain ne manquaient pas une occasion pour danser sur les airs joués par Bernard l’accordéoniste. Je les ai tout de suite remarqués. Leur façon d’exprimer leurs émotions, leur énergie capable du meilleur comme du pire. Leur monde était fait d’amitiés, de fêtes et de fraternité mais aussi de trahisons, de fureur et de cruauté. Je découvris qu’ils s’aimaient d’un amour épidermique, exclusif et passionné, rien n’était assez fort pour étancher leur soif d’amour et de vie à tout prix. J’ai alors compris comment l’histoire ouvrière a contribué à créer une culture populaire et une identité forte pleine de valeurs humanistes où se dégageait une énergie communicative de la vie régie seulement par l’instant présent et flamboyant de spontanéité. Mais l’histoire de Marie-Claude et Alain n’est pas qu’une histoire d’amour, c’est aussi celle d’une population chassée des centres villes.

Flavio Tarquinio