Le zoom de décembre 2023 avec Christine Delory-Momberger
L’Entretien,
D’une image à l’autre, histoire de résurrection par Valentin Bardawil. Cet entretien est paru sur le magazine 9lives. Cliquez sur l’image ci-dessous pour le lire…
La rubrique L’Œil de Frédéric Martin est accessible sur le site.
Dans l’œil de Frédéric Martin,
Une image en échoCertaines photographies marquent. Il y a celles qui restent à l’esprit parce que vues et revues (parfois trop), parce qu’historiquement conséquentes (une fillette hurlante le dos déchiré par le napalm, le Che au regard d’acier photographié par Korda). Parfois, et c’est le cas ici, on connaît le travail de la photographe ; on le suit depuis des années et durant celles-ci on l’a vu grandir, évoluer, s’épanouir. Dans cette somme, au sein de ces images sues, certaines tiennent une place particulière. Pourquoi celle-ci ? Pourquoi ce portrait d’une femme de dos, portrait couleur alors que notre goût est plus orienté vers le noir et blanc ? Est-ce que ça tient à la douceur qui émane du lieu ? De la photographie ? Cette sensation de temps suspendu ? Est-ce que ça tient à une fragilité, quelque chose de ténu dans le temps de l’eau, la sensation de chaleur de l’instant ? Peut-être tout ça. Peut-être parce que le travail de la photographe est connu, su, la place de cette photographie en particulier prend une dimension différente ? Il n’y a pas de réponse définitive et heureusement. Mais, il y a cette petite pointe de joie, de mélancolie, un mélange d’émotions qui viennent au moment où on la regarde. Émotions que l’on accueille toujours avec plaisir, avec aussi une sorte de ferveur.
Plus largement, cette image invite à s’interroger non pas sur notre rapport à la photographie (sur lequel il faudrait se questionner aussi à un moment), mais plutôt sur ce qui va nous pousser à retenir l’une plutôt que l’autre. Ce n’est pas une question de qualité, la plupart des photographies étant de « qualité » (si tant est que cet adjectif ait un sens ici). C’est peut-être lié au moment, à la façon dont nous la recevons. Quel pan de notre histoire personnelle elle touche, quelles fragilités elle fait résonner. Il peut s’agir dans ce cas de l’écho d’une femme aimée, alors même que la modèle est inconnue. Ou peut-être la réminiscence d’un instant semblable que nous avons vécu, comme un air de déjà-vu. Qui sait ? Chaque image est aussi un écho de nos propres images intérieures. Et c’est ce qui en fait sinon la grandeur, au moins la beauté. Et très vraisemblablement le souvenir.
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