Le zoom d’avril 2023 avec Gilles Picarel

L’Entretien,

Éclaircie : une autopoïétique végétale des corps ployés

Afin de poursuivre ce dialogue Arts et Sciences que nous développons depuis presque deux ans au cœur de notre Observatoire des nouvelles écritures de la photographie documentaire, c’est l’artiste photographe et docteur en esthétique Gilles Picarel que nous recevons pour ce Zoom du mois d’Avril. Comme le Zoom du mois de mars, il se présente sous la forme d’un film et non d’un entretien écrit. Cette captation a été faite le 15 février dernier durant le colloque international, Le paradigme du biographique à l’ère de l’Anthropocène organisé par notre partenaire le GIS LE SUJET DANS LA CITÉ, Sorbonne Paris Nord - Campus Condorcet.

Photo Doc présentait la table ronde Créer dans un monde relié, dans laquelle Gilles Picarel intervenait au coté du chercheur Paul Ardenne et de la photographe Laurence Leblanc.

Dans cette vidéo de 30 minutes que nous vous présentons, l’artiste/photographe interroge l’idée de reliance à partir du projet photographique Éclaircie qu’il réalise actuellement dans le sud de la France. Comme il le définit lui-même ce projet est une tentative «visant à rétablir un dialogue rompu avec le monde des non-vivants».



Dans l’œil de Frédéric Martin,

Nos vies tordues, avancer 



Nos vies sont comme l'arbre, tordues et tortueuses. Elles sont comme lui et nous aussi nous croissons malgré tout. Pourtant, les ruptures, les pertes, les souffrances adviennent, marquent, mais la volonté de continuer reste souvent la plus forte. D'aucuns parleraient de résilience, mot galvaudé s'il en est ; la justesse serait plutôt d'évoquer le courage de vivre, cette possibilité que nous nous offrons d'avancer au cœur des tempêtes.

Alors, à la question du pourquoi ce tronc courbé dont personne ne fera une planche ? A cause des vents ? De la pauvreté du sol ? D'une intervention humaine ? A celle du pourquoi nos corps, nos âmes portent-ils des stigmates ? Fin d'un amour, deuil d'un proche, accident de la vie?

Peut-être ne faut-il pas apporter de réponse.

Parce que peu importe, le passé reste au passé. L'arbre, comme nous, faisons le choix du futur, ça malgré nos vies balafrées, nos branches cassées. Et c'est aussi ici que se tient l'avenir du monde, je crois. Derrière cette capacité à aller au-delà, à résilier (et là le mot prend tout son sens) nous pouvons imaginer un avenir où l'humanité saura dépasser sa relation de consommation avec la Nature pour en faire une alliée. Les traces, les marques seront toujours visibles, mais ne resteront que des séquelles mémorielles. Il faut continuer, avancer coûte que coûte, vivre, croire qu'un avenir est possible, par-delà l'abîme et les gouffres.

Exister est à ce prix, c'est ce que nous enseigne l'arbre.

Retrouvez le site de Frédéric Martin, 5 rue du︎︎︎