La gratitude : une alliance avec le vivant

Le 6 décembre 2025, 19h-23h


Le Vent se lève !

Zone libre d’art et de cultures, éthique et solidaire
181, avenue Jean Jaurès
75019-Paris
M. Ourcq


L’inscription est gratuite mais doit être faite impérativement auprès de Carolina Kondratiuk formulaire d’inscription à venir


“Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.”

René Char
Le marteau sans maître

Avec Jean-Claude Bourguignon




Dans le sillage des trois précédents banquet des vivants qui mettaient successivement en scène et en création le moment de la mort, les interrelations agissantes des vivants avec leurs morts, puis la transmission dans son geste sensible, augurant ainsi d’un continuum réflexif et créatif, cette présente édition se propose d’envisager la délicate notion de gratitude pour en explorer sa profondeur et ses paradoxes.

S’écartant de la tendance actuelle prônant la gratitude comme remède à l’existence, source d’optimisation de qualités premières comme l’estime de soi, la propension à l’optimisme et l’inclination à l’espoir, elle contrerait certaines tendances négatives comme l’envie, la dépression, le sentiment de solitude et le matérialisme, elle induirait à la résilience, faciliterait le nouage de relations humaines solides et porterait par ailleurs, ses vertus à bonifier la santé en augmentant la production de substances neurochimiques.

Cette vision marchande et repliée sur un soi en gestion comptable de sa vie reprend sans état d’âme et en les dévoyant des préceptes issus de courants spirituels, en oubliant ce que la gratitude infère comme fondements dans sa dimension éthique et sa relation vive avec le cœur d’un « exister » se tenant dans un « vivre » avec ce que vivre a d’inouï (Jullien, 2024). Et c’est à cet endroit, dans la reconnaissance que ce vivre advient dans un écosystème interrelationnel de vivants et de non vivants reliés où chacun porte sa part que la gratitude trouve à s’accomplir.

La gratitude, murmuration sensible d’un lien intime avec le vivre dans ses intensités avec soi, avec « l’Autre comme soi-même » (Jullien, 2024) vivant et non vivant, en conscience d’être de cette Terre (Latour, 2021), scelle un pacte d’alliance. C’est un moment de grâce et d’ouverture, un mouvement de soi dans l’accueil et la reconnaissance du don reçu et reconnu sous quelque forme qu’elle soit. La gratitude tient de l’éthique de la responsabilité, elle m’engage dans mon entier dans une histoire du monde où le prendre sointient lieu d’une écologie de restauration du vivant face aux violences des sociétés néo-libérales et aux dévastations anthropocéniques, devenant ainsi acte politique et bien-commun. 

Mais la gratitude a ses ambiguïtés, est-elle mue par un réel sentiment envers l’autre ou ne serait-ce pas justement cette autre forme d’évitement, de mise à profit de soi dans un semblant de stratégie tributaire. Une manifestation ostentatoire de gratitude ne recouverait-elle pas à certains égards une esquive à toute impression de dette qui engagerait du lien. Ou bien encore la gratitude, empreinte culturellement et socialement de ses logiques ne rencontrent pas forcément un sens commun comme le montrent de nombreux récits mythologiques.  

Nous partirons au cours de cette soirée à l’aventure « par le mieux » (Deleuze) des diverses facettes de la gratitude, en empruntant les voies de l’art dans une création participative qui fera apparaître des figures du vivant, à la fois singulières et collectives comme autant de précipités d’existence. Nous partagerons des histoires, encore des histoires, toujours de nouvelles histoires comme nous incite à le faire Ailton Krenak pour maintenir nos poétiques d’existence.

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François Jullien (2024). Vivre enfin. Paris : Plon.
Ailton Krenak (2020). Idées pour retarder la fin du monde. Paris : Dehors éditions.
Bruno Latour (2021). Qui suis-je ? Paris : Les empêcheurs de tourner en rond. 



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