Agence Révélateur

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Dan Aucante.
L’Echappée belle



Il aura fallu cet enfermement pour créer cette échappée belle.
Il aura fallu que cette pandémie balaye le monde pour que mon attention s’attache à mon univers proche. Je me suis alors rendu compte de la richesse et de la beauté de ce qui était à portée de toucher, à portée d’écouter et à portée de voir.
Comment cet espace intime, celui que je partage avec les être aimés, m’offraient de possibles explorations.
Comment en étant muré je pouvais m’évader, me laisser traverser par la lumière venue de l’extérieure. Et m’apercevoir comment cette lumière donnait relief à ce qui était là, en moi, et tout à côté de moi. Cette injonction à rester chez moi n’était dès lors plus une prison, mais l’impensable opportunité d’un voyage intérieur.



Christine Delory-Momberger.
Exils/Réminiscences



Ce travail interroge la valeur d’image-témoin des photographies de famille en tentant (en vain) de faire “parler” les images et de déconstruire leur fixité. Pour cela, je fais de mon appareil photographique l’instrument d’un travail de fouille en photographiant et re-photographiant dans un effet de “blow up” des détails d’images, tentant de toucher au plus profond leurs parties enfouies qui me révèleraient mon histoire. Les nouvelles images produites s’inscrivent dans l’actualité d’une expérience, d’une en-quête et d’une “mise en conscience” qui provoquent l’émergence de souvenirs oubliés, d’associations inattendues, d’agencements avec des photographies actuelles, tissant ainsi une “fiction documentaire” qui vaut pour l’histoire.




Valérie Gondran.
One lonely night



One lonely night est un travail sur la narration, et sur comment celle-ci peut émerger de l’articulation d’une série d’évènements, fictifs ou réels.
Par la juxtaposition de scènes inanimées, où les objets sont autant de fragments narratifs, je sollicite l’imaginaire, amenant vers des histoires. Le vide entre les images permet à chacun d’intégrer dans le récit son propre vécu et son ressenti, et de constituer une histoire qui lui soit propre. Les tirages sont de petits formats, des miniatures, afin de générer une intimité propice à cette écriture personnelle. Les photos ont été réalisées aux Etats-Unis.



Damien Guillaume.
La solitude de l’homme



Pas d’espoir. Une lueur. Vide. L’ombre est jolie mais te laisse seul. Seul qui regarde la beauté, seul qui regarde l’horreur. La lumière est belle sur ton visage solitaire. Regarde le vide, tu as peur ? Tu as mal ? Tu as mal à la peur ?
Rien. Descend donc de ton piédestal petit homme. L’ombre et la lumière te dessinent, toi tu ne dessines que du noir. Peur du noir. Du vide.



Irène Jonas.
Silence



L’étoile jaune, le triangle rose ou noir comme stigmates, les exclusions comme contraintes, le confinement spatial comme mode de vie et l’extermination comme solution finale.
Nul membre de ma famille proche n’a péri dans un camp… Et pourtant il fallait que j’aille voir ce qui ne m’était apparu à travers livres ou documentaires, et qui m’avait hanté. Dans la première vitrine sur laquelle je me suis penchée, j’ai vu écrit dans un registre le prénom et le nom de mon oncle. Ça ne pouvait être lui mais ç’aurait pu être lui.

Alors comment photographier ce qu’Otto Dov Kulka a appelé la “Métropole de la mort”, aujourd’hui devenue lieu de mémoire, voire lieu “touristique” ? Peut-être juste en laissant les images parler de cette angoisse que je ne pouvais nommer et en inscrivant la nuit et le brouillard dans chacun des recoins. Les photos ont été prises dans des camps de concentration et d’extermination en République tchèque, Pologne, Allemagne et Autriche.



Estelle Lagarde.
La traversée imprévue



Je viens d’apprendre que j’ai un cancer du sein. En faisant ma valise pour aller à l’hôpital, j’ai l’impression de partir pour un long voyage dont je ne connais ni la destination ni le sens. Curieux sentiment, à la fois inquiétant et excitant.
Ma série La traversée imprévue / adénocarcinome combine journal intime et compositions photographiques. Avec détermination, mais aussi distance et humour, je témoigne de la puissance de la volonté, de la création, de l’amour et de mon identité de femme.



Laure Pubert.
Je marcherai sur tes traces



Quand je suis partie en Norvège, il s’agissait d’une quête.
Une absence. La possibilité d’un lien qui n’aurait pas disparu.
Partir vers cet autre dont j’avais vu se dessiner l’ombre au cours de l’une de mes lectures, celle du roman de Tarjei Vesaas : Les oiseaux. Ce voyage répondait à une urgence : celle de garder en soi la trace d’une rencontre possible inspirée par un personnage fictif. Je devais comprendre la solitude de cet être égaré. Sans voix ni figure. Sans âge.
Je suis allée sur ses terres. Je l’ai recherché dans mes investigations du visible. Provoquant les rencontres qu’il aurait pu faire, pistant les incarnations furtives.
Les signes.



Michaël Serfaty.
Je vous écris avec la chair des mots



Je suis gynécologue. Depuis 30 ans, j’accueille des femmes dans mon cabinet.Je suis également photographe.
Au fil des années, j’ai recueilli les mots des femmes, des phrases de peine, de tristesse, de souffrance, dans leur corps, dans leur vie, dans leur coeur. Des phrases qui me bouleversaient. J’ai ouvert un cahier et y ai déposé ces mots pour en faire des images, avec mes photographies, mais aussi avec de l’encre, du fil, de la peinture... Le cahier est devenu un objet énorme, gonflé de secrets, de hontes et de blessures. Impossible à tenir, ni à parcourir. Il m’avait échappé.
Je ne trahis pas, je témoigne. Je ne révèle pas, je m’insurge.
Je ne dévoile pas,
je crie.