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La transmission un art de vivre

Comment transmettre, que transmettre et peut-on encore transmettre dans un monde marqué par l’activité disruptive figurée sous le terme d’Anthropocène, les conflits répétés et les guerres ? De quelle nature serait ce geste ? S’agit-il d’un désir de laisser une trace, de croire que sa vie n’était pas vaine, de déposer un savoir intime ou plus spécifique, concernant un engagement politique, citoyen ou humanitaire, une croyance spirituelle, un legs intellectuel ? Veut-on œuvrer à une transmission intergénérationnelle, faire de sa vie une œuvre pour ses descendants, conserver les mémoires des disparus et leur rendre justice en honorant leurs actes ou en réparant ainsi l’outrage de leur invisibilité ? Ressent-on l’urgence de témoigner d’un état de société, d’atrocités barbares, de crier ses espoirs et d’apporter ainsi sa modeste part à la construction d’un monde transformé ? Enfin, quelle considération octroyer à la transmission empêchée ou à la transmission silencieuse ?

Quelle place est véritablement accordée à la transmission dans nos sociétés où l’accélération technique, le changement social et le rythme de vie engendrent une précarisation identitaire, un sentiment de dépossession, une « détemporalisation» de l’histoire et de la vie.

L’avancée inexorable de la société numérique, déshumanisant la communication au profit du « sans contact », enfermant les corps dans un quant-à-soi déréalisant, tend à désolidariser les relations et à fonctionnaliser les rapports humains.Les exils migratoires fragilisent les liens familiaux et ethniques et défont les histoires, ils renvoient à la solitude intérieure de la survie, ouvrant ainsi des brèches à l’errance existentielle.

L’art et la culture, en traversant les frontières de l’espace et du temps, peuvent-ils œuvrer à l’invention de nouveaux gestes de transmission, nous ouvrant à des formes de transcendance.

Saisissons ensemble au cours de ce Salon des nouvelles écritures de la photographie, idéalement situé pour cette édition à l’Hôtel de l’Industrie, lieu d’histoires et d’inventions industrielles, ces moments de grâce et de beauté, émanations d’un vivant créateur qui sont autant de précipités d’existence et de sagesse.