DEUXIÈME REGARD


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Henry Roy
Captures




Voilà 4 années que je tiens, au jour le jour, un blog de photographie. Peut-être devrais-je dire, d’ailleurs, que c’est lui qui me tient. 4 ans que je poste, presque au hasard, ce qui me vient à l’œil, superposant sans relâche images et textes sur les pages épurées d’une publication digitale. Ce qui n’était au départ qu’un geste trivial, une banalité contemporaine, a pris la forme d’un rituel envoutant, dont l’attraction occulte m’emporte toujours plus loin, dans la vie, dans mes songes.

C’est que ces images-là ont une magie qui leur est propre. Elles nous racontent l’expérience, tout en la façonnant, décrivent une succession de fictions autarciques, étrangement émancipées de mon vécu. Documenter ma vie, c’est construire un récit aléatoire constitué de milliers de fragments temporels, d’amoncellement d’instants sauvés in extremis du chaos du réel en mouvement. C’est visiter mes rêves, fantasmes et désirs secrets. C’est jouer avec le feu, flirter avec la mort. Comme suivre en parallèle une vie inventée, explorer son Moi profond à coup d’instantanés.

Mon journal est vivant. Il est une entité autonome qui déploie sa structure organique au quotidien, vers d’improbables lendemains. Une aventure rythmique et sensorielle joyeusement dédaigneuse des questions de contexte ou de sujet. J’ai choisi d’en présenter ici, à travers une série de kakémonos, quelques fragments évocateurs, Témoignages suspendus d’une œuvre hybride, en perpétuelle mutation.

Henry Roy

www.henryroy.com
www.henryroy.blogspot.com




Arnaud Theval
Le Mur Rouge





L’espace social pris par l’art ou le politique réveillé.

Ma démarche artistique tient autant du processus que de la réalisation d’un objet. Elle se construit selon des protocoles engendrés par et dans des contextes sociaux au sein desquels je m’immerge. Par l’intermédiaire du verbe et de la photographie, chaque processus implique les personnes rencontrées – moi compris -, que ces rencontres s’opèrent sur les lieux de vie, de formation ou de travail, ou qu’elles concernent des communautés diverses.

Fondée par conséquent sur ces rapports une fois établis, l’œuvre s’intéresse à la relation de chacun aux stéréotypes sociaux, professionnels ou communautaires, devenus la source de tensions entre les groupes par le fait de représentations qui conditionnent des appartenances souvent closes sur elles-mêmes. Elle est la résultante d’un travail dans et sur le contexte investi.

En déplaçant en permanence les assignations, en mettant en jeu chaque personne, son cadre de vie et les institutions qui régissent les existences (lieux de travail, de formation, de soin, d’enfermement ou encore logements collectif), le travail entrepris rend à chacun sa capacité à penser et agir par soi-même, en entrant dans des négociations avec les autres et avec l’artiste, soulignant ainsi derechef l’aspect politique d’un travail artistique focalisé sur les articulations entre les personnes et les institutions.

L’image photographique trouve des ressorts différents selon son moment et son espace de monstration. Je ne la considère pas comme un objet autonome, elle est toujours accompagnée par un cadre, un dispositif, un texte venant la situer quelque part. Les codes qui la régissent et fonctionnent en elle sont conditionnés par ceux qui, de l’extérieur, nous conduisent à la considérer. L’absence d’autonomie de la photo ne veut pas dire que son contenu soit entièrement maitrisé, explicable ou cernable mais je pense que l’image n’agit pas que par elle-même.

La photo est intégrée dans mes protocoles, comme un fragment visible, saisissable et appropriable. Un des aspects d’une démarche fondée sur la relation et les échanges qui nourrissent une trajectoire et des formes.

Anraud Théval.

arnaud.theval@free.fr
www.arnaudtheval.com


Morvarid K

Blue Sky


Une série en photocollage sur la force visuelle et le caractère perturbé de la ville de Téhéran envahie de slogans. Une sorte de concentré du panorama de la ville qui en efface le ciel.

Les œuvres s’attardent à relever les murs et les panneaux de communication recouverts de messages publicitaires, éducatifs, idéologiques et revendicateurs. Par contraste, quelques restes du vieux Téhéran et sa fameuse rue Lalehzar sont encore visibles.

Des images qui forment un tout paradoxal et qui donnent à voir la société, sa complexité et ses enjeux. Le travail trouve son intérêt dans la création d’un volume surréel, vague image mentale qui prend finalement place dans la mémoire, à force de répétition.

www.morvarid-photography.com
morvarid.daydream@gmail.com





Emeric Lhuisset

Théâtre de Guerre


Emeric Lhuisset interroge cette question de la mise en scène face au réel.

Dès son origine, la photographie de conflit fut confrontée à la question du réel.
Alors que la subjectivité est évidente dans la peinture, la photographie est représentée comme preuve. Pourtant dès ses débuts avec la guerre de Crimée, elle est confrontée à la question de la mise en scène et son importance progressive comme outil de propagande ne va que renforcer sa manipulation. Avec la guerre du Vietnam, les états-majors comprennent qu’une guerre gagnée sur le terrain peut désormais être perdue dans l’opinion et inversement. Aussi les armées, mais également les groupes de guérillas vont s’évertuer à construire des images et à instrumentaliser les médias. L’image n’est plus forcement vérité, mais elle devient icône. Emeric Lhuisset interroge cette question de la mise en scène face au réel ; mise en scène des acteurs du conflit par les médias, manipulation des médias par les acteurs du conflit qui se mettent en scène. Dans cette série, il invite de vrais combattants sur une zone d’affrontement à rejouer leur réalité dans des mises en scène inspirées de peintures classiques, nous invitant à repenser la guerre dans ses représentation ou comme l’avait nommé Clausewitz ; le Théâtre de guerre.

Emeric Lhuisset

info@emericlhuisset.com
www.emericlhuisset.com





Philippe Clement
La Palme


PRIX DEUXIÈME REGARD PHOTO OFF 2014


Médecin de profession, autodidacte, Philippe Clément voit le monde à travers ses autoportraits avec un certain onirisme et un réel humanisme.

“ Comme un SDF à la porte, seul, replié sur lui-même, torturé, révolté, désespéré ? Au bord de la noyade dans un verre d’eau à moitié vide ...
Et si c’était un verre à moitié plein ? L’homme fragile ignoré, incompris, découragé, en éternel questionnement. Il lui faudra repartir.
Mais avec une seule palme ne risque-t-il pas de tourner en rond?
Est-ce le début d’une mutation, d’un changement de vie?
Ouvrira-t-il la porte fermée d’un autre monde qui l’attire... pour renaitre...”

Philippe Clément

philicle@hotmail.fr
www. phclement.wix



Emma Grosbois

Quelli che ci guardano. Palermo.


PRIX DES LECTURES PORTFOLIOS CARRE SUR SEINE 2014


CEUX QUI NOUS REGARDENT

“Ceux qui nous regardent” est une recherche sur la présence des images sacrées et profanes et la survivance des “autels” dans les lieux de la vie quotidienne à Palerme en Sicile. L’intention est d’interroger la signification profonde de ces images. Combien font-elles parties de la vie de ceux qui les possèdent – que nous ne voyons pas – et comment s’y reflète leur présence silencieuse ? Ces assemblages d’images apparaissent tels des rébus à déchiffrer pour comprendre une histoire commencée en des temps lointains.

Emma Grosbois

“L’image, c’est pour se souvenir. On cherche à continuer quelque chose qui existait et que l’on risque de perdre. C’est pour ça que l’on met des images de morts et de personnes disparues dans les autels, pour dire que cette personne a été importante pour la société, pour la rue, pour le quartier... Autrement, on risque de perdre la mémoire humaine, ce qui est dangereux.”

Un habitant.


emmagrosbois@gmail.com
emmagrosbois.ultra-book.com