Deux En Aparté pour 
ON STAGE PHOTOGRAPHY

Pour une photographie vivante !  En scène et sur scène.
Amphithéâtre d’Arles 02.07 - 07.07 | 2024

Quatre En Apartés ont réunis les photographes Françoise Evenou et Scarlett Coten, Sylvie Léget et Mathieu Chazal, Jean-Christian Bourcart et Isabelle Vaillant, et Jean-François Spricigo et Véronique de Viguerie (représentée par Boris Pierre), sous les arches de l’Amphithéâtre des Arènes de Arles, la première semaine des Rencontres d’Arles en juillet 2024.





LES DUOS DE PHOTOGRAPHES INVITÉS.

Françoise Evenou
Las Reinas del Bosque (2020/2022)

Cette série documentaire composée de photographies, récits et textes, est née de ma collaboration avec plus de 30 femmes trans qui se prostituent au bois de Boulogne pour survivre. Elles m’ont confié leur récit et leur image pour dire au monde leur vérité. J’en suis devenue leur dépositaire.

ET

Scarlett Coten
La trilogie "M" (2012/2023)

Ce travail met en lumière, dans un esprit de résistance, une génération d'hommes (désignés ainsi à la naissance) qui depuis plus d'une décennie fait vaciller la structure du genre et métamorphose la vision du monde.



Véronique de Viguerie
(représentée par Boris Pierre)
« Pourquoi tu ne prends en photos que la vie moche ? ».

Même dans les zones de conflits, j’assiste à des instants suspendus, vibrants de vie et d’humanité. Jusqu’à cette question de ma fille de 7 ans, je n’avais simplement pas pris soin de les regarder. Les images sont là, mais ce ne sont pas celles que les journaux publient. Trop colorées, trop décalées, trop légères, elles défigurent le cliché de la guerre. Depuis, je m’attache à déconstruire une vision binaire d’un monde en noir et blanc, pour en révéler les nuances. Un stéréotype persiste : les femmes seraient des victimes silencieuses, soumises. Les Orientales, plus que toutes les autres : pudiques, dissimulées sous leurs voiles, elles sont -presque- invisibles. Lors de mes reportages, celles que je rencontre sont pourtant courageuses, résistantes et hautes en couleurs.

ET

Jean-François Spricigo
« Créer comme l’oiseau bat des ailes, ainsi ne pas tomber »

De balades en ballades, le lointain convie l’inarrêtable en soi. Conter en silence l’écho des rencontres avec la Vie, auprès des humains et leurs frères animaux. Nul exotisme tant tout ramène à l'intime, il n'y a d'étranger que pour ceux qui ont fui leur évidence.



Isabelle Vaillant
Vestiges

J'ai photographié mes proches de façon instinctive, je ne regardais jamais le résultat. L’année dernière 20 ans après j’ai ouvert les classeurs.

Et

Jean-Christian Bourcart
Traffic - 1999-2003

Observation photographique des New-Yorkais coincés dans les embouteillages.
Il y a toujours des embouteillages sur Canal Street. Les gens, les Américains semblent mélancoliques et résignés, tapis derrière les vitres teintées de leur grosse berline. D’autres dans les bus ou les taxis s’assoupissent, frappés par la longueur du jour. Moi, sur le trottoir, je les ausculte à travers mon puissant téléobjectif.
Je les regarde me regarder, incrédules, stupéfaits comme les animaux pris dans les phares, la nuit. Certains ne bougent plus. D'autres tentent de se tourner, se protègent du journal, de la main. Quelques-uns – surtout des femmes - confrontent mon regard mécanique abandonnant ainsi leur image à une destinée dont ils ne savent rien.



Matthieu Chazal
Fragments du théâtre de guerre ukrainien.

Presque chaque jour, le bruit sourd du canon résonne sous un ciel souvent bas.
Un hiver, long et intense, à suivre la ligne de front et l’arrière-front dans les régions de Kherson, du Donbas et de Kharkiv. Il n’y a pas la fureur des combats, mais les ruines encore fumantes d’un immeuble ravagé par un missile russe à Dnipro.
Entre deux feux, je photographie un semblant de vie ordinaire, au teint fragile : un gamin au drapeau qui salue les soldats revenant des combats, de rares civils dans les décombres, un pêcheur et sa voiture sur la rivière gelée, des chiens parmi les carcasses de tanks et d’avions ; des squelettes de ponts ; la statue de Lénine dans une ville du Donbas ; une épiphanie : le baptême des soldats dans le lac gelé...
Ne pas s’approcher trop près de l’enfer de Bakhmut, trop dangereux !
Nous cheminons de villages dévastés en villes-garnisons, et encore des ponts effondrés -
symboles d’un passé commun qui s’anéantit et leitmotivs qui rythment ce récit.

ET

Sylvie Léget

Le vol des chauves-souris la nuit

Le vol des chauves-souris la nuit est un travail sur la mémoire et le cheminement qu’évoquent à la photographe ses propres représentations mentales du génocide khmer et de ses conséquences. Elle y convoque les marqueurs émotionnels qui jalonnent la construction de sa propre mémoire.
En partant d’un point de vue affectif, la photographe raconte une expérience personnelle fondatrice, qui n’en rejoint pas moins la grande histoire, prenant comme point de départ des archives personnelles en possession du Comité international de la Croix-Rouge.
Ce travail rappelle aussi que 50 ans en arrière s’est déroulée l’une des pires tragédies du XXe siècle, l’autogénocide khmer.