L’enquête intérieure 
de Frédéric Martin


L’Absente par Frédéric Martin,
en collaboration avec Christine Delory-Momberger et Valentin Bardawil

Fin Janvier et début février 2021 j’ai souhaité participer à un workshop avec Christine Delory-Momberger, Valentin Bardawil et Charlotte Flossaut autour du partage de l’intime dans la photographie. Pour la première fois il m’a été offert d’écrire, de mettre des mots sur cette expérience que fût la création de ma série « L’Absente ». Ce texte en est le résultat.


Au départ : 01 février 2019, 19h22

C’est un soir d’hiver. Gris, maussade. La nuit est tombée, mais un lampadaire éclaire cette cour étroite où nous stationnons nos voitures.

Où allons-nous ? Peut-être chez des amis, pour un dîner. Au restaurant ? Au cinéma ? Je ne m’en souviens plus. Comme je ne me souviens absolument pas pourquoi j’ai choisi ce jour-là de prendre avec moi mon appareil photo. Je ne photographie pas mon quotidien à habituellement. Le fait est que je l’ai. Et que je prends cette photo. Je me souviens parfaitement de Sandrine le long de ce mur, perdue dans ses pensées, absente déjà. Je lui ai même redemandé de longer le mur une seconde fois, pour être sûr d’avoir ma photo. C’est en recherchant dans les métadonnées du fichier numérique que j’ai retrouvé la date exacte, l’heure. Magie du binaire qui peut tout à la fois révéler la beauté et informer stricto sensu.

Sandrine est malade depuis plusieurs mois déjà. Depuis l’été en fait. Une forme particulièrement lourde de dépression, pensons-nous. Médicaments, arrêt maladie, la vie est moins gaie que quelques mois auparavant, mais je connais cette maladie pour l’avoir éprouvée, aussi je me dis que ça ne durera pas. Ou du moins pas longtemps.

Sandrine et moi avions essayé quelques jours auparavant de traduire son mal-être en photo. Des nus figés, statiques, dans une chambre vide à l’exception d’un verre d’eau, de médicaments. Pourtant, je sentais que ce n’était pas ce que nous cherchions. Et je ne sais même plus si j’en avais été satisfait. Je crois que non. D’ailleurs je ne trouve plus trace des fichiers bruts, ils doivent avoir disparus dans les limbes virtuels. Mais ce cliché-là est resté, parce que bien qu’extrêmement éloigné de ce que je produis photographiquement à l’époque, il a une sorte de « charme », ou plutôt il fait sens, il opère quelque chose en moi. Et je crois que je « sais » qu’il est bien meilleur que tout ce que j’ai pu faire jusque-là.

Masterclass et prise de conscience

(Février) La masterclass avec Flore, Sylvie Hugues et Adrian Claret a débuté. Une des stagiaires est déjà passée, c’est mon tour, je montre mon travail. Je sais que je vais recevoir des critiques, c’est un des buts de cette formation : progresser ; on ne progresse qu’en se confrontant à ses erreurs, je pense. Et puis il y a eu des lectures de portfolio calamiteuses début novembre 2018 où je me suis globalement fait étriller. Et qui m’ont poussées à m’inscrire à ce stage. Il y a d’ailleurs une chose importante qui va conditionner le déroulé des événements : j’ai contacté plusieurs organismes de formation. Vu, Photomasterclass, Milkmasterclass. Et mon désir initial portait sur ce dernier. Mais voilà, Adrian Claret m’a appelé assez vite et a su remporter mon adhésion. Ignorant de tout, je ne savais pas qui était réellement Flore, à peine j’avais lu le nom de Sylvie Hugues dans la presse…

Mes natures mortes, pâles reflets de Mapplethorpe, ne convainquent personne. Ma série « La fille du train » (déjà avec Sandrine) encore moins. Et me voilà face à un gouffre : que vais-je bien pouvoir faire comme série durant les 8 mois de la formation ? Je m’attendais à quelque chose où on me dirait quoi faire, où on me donnerait des idées. Je me retrouve devant une béance : il n’y a que moi qui peut produire, que moi qui doit savoir sur quoi travailler. C’est extrêmement vertigineux et déstabilisant.

En désespoir de cause, je sors une clé USB, il y a dessus quelques images que j’ai appelé « l’Absente » : les nus de la chambre, un paysage vide très symétrique, très numérique et cette photo de Sandrine le long d’un mur.

Tout est balayé. On me demande, même devant le paysage, si j’aime le flou, ce à quoi je réponds de manière tout à fait naturelle que non, je déteste ça. Aux innocents les mains pleines…

Tout est balayé sauf cette photo primordiale. Sylvie Hugues dira : « Là, il y a quelque chose à creuser. »

Et évoquera Antoine d’Agata et son livre « Mala Noche » qui pourrait me servir de base. Me demande si je l’ai lu. Et je dois avouer et m’avouer que non, et que d’ailleurs je ne sais même pas qui est d’Agata.

Je me rassois, sonné. Je m’attendais à ce que mon travail ne soit pas apprécié, mais pas à ce point. Et j’ai cette sensation assez particulière que je suis tout à la fois au bon endroit et pas à ma place.  La journée s’écoule, les autres stagiaires proposent des travaux qui remportent ou non l’adhésion des formateurs. Je peine à m’y intéresser. Malgré tout, je réussis à être attentif aux travaux de Christine Delory. Pourquoi ? Je ne sais pas à ce moment-là. Mais quelque chose en moi est touché à la fois par ses photographies, cette histoire troublante d’exil et surtout ce besoin de révéler tout cela.

La formation se termine vers 18h. Je retrouve Sandrine dans notre Airbnb. Puis restaurant. Je me souviens que le repas libanais était excellent, mais que je n’arrivais pas à parler d’autre chose que de cette sensation terrible de gouffre : qu’allais-je bien pouvoir raconter pendant 8 mois ? Je voulais, même, rentrer dès le lendemain chez moi, laisser tomber. Il y a, avec le recul quelque chose de désespéré dans ce besoin de ruminer cette matinée, mais il y a aussi le besoin de prendre « ma place ». Comme si, finalement, déjà la maladie de Sandrine devait être autre chose qu’une simple péripétie dans notre couple.

La soirée ne fut ni agréable, ni joyeuse. Revenus dans notre location nous nous querellons. Le motif, comme à l’accoutumé, est futile, mais la colère de Sandrine flambe, inextinguible. C’est devenu quelque chose d’assez coutumier, terriblement violent et destructeur. Je dors deux, trois heures, je cogite, des peurs s’entremêlent. J’hésite longuement à abandonner. Je vais malgré tout à la formation le lendemain matin, désabusé, triste.

Du reste de la journée du dimanche, je ne me souviens pas de grand-chose. A l’exception de deux choses :

-  Sylvie a apporté Mala Noche. Et je prends une vraie « claque » à sa lecture. Parce que si c’est l’antithèse de ce que je produis photographiquement, le travail de d’Agata m’ouvre un peu les yeux. Il y a autre chose que les natures mortes de fleurs ! Le « réel » est une matière qui ne demande qu’à être dit, montré, travaillé.

-   Un galeriste évoque son métier et je me sens complétement déconnecté de son discours. Il parle de ventes, de tirages, de Ralph Gibson. Il me parle un langage que je ne connais pas, que je ne comprends pas. Je n’ai pas l’impression, alors, de pouvoir trouver ma place dans cet univers de la photographie d’auteur. Si modeste soit-elle.

Toutefois je rentre chez moi avec cette « impression », cette intuition qu’il y a quelque chose en moi qui « sent » la possibilité de réaliser un travail autour de Sandrine. Mon intime, plus sincèrement que mon égo, a été bouleversé.

Dos au mur


(Février) Sur la table du salon de cette maison que nous allons quitter traîne une boîte d’anxiolytiques et une tasse de café. J’ai la sensation, physique, que c’est ça au fond la maladie de Sandrine : des calmants, des excitants, des hauts très hauts, trop hauts et des bas en abîmes vertigineux. Et je marche sur cette ligne de crête comme je peux, confronté à mon désarroi, mes propres béances et mon besoin d’elle. Je prends une photo de cette tasse, de ces médicaments.

Voilà, j’ai enfin accepté l’idée que je peux faire un travail photographique sur sa maladie, sur elle. C’est du moins mon souhait initial.

C’est un tournant dans ma pratique, parce que j’apprends, au-delà de faire des photos, à regarder mon quotidien, chercher ce qui me lie à Sandrine. Je pourrais parler peut-être de re-lecture de ma vie à l’aune de la photographie, presque comme si celle-ci proposait un langage différent des mots habituels, proposant une mise en « confrontation » du réel et ce que j’éprouve de lui, ce que j’en ressens.

Plus tard, quand la série sera plus complète, je prendrais conscience que je n’ai pas travaillé sur elle, mais sur moi, parce que je n’avais pas légitimité à parler de sa maladie.  Sur ce que j’ai vécu intimement de sa souffrance, de ses débats. Sur l’amour que je lui porte. Et de notre relation. C’est même plus sûrement ce que j’évoque. Ce n’est pas à proprement parler une catharsis, parce que la souffrance ne disparaît pas, parce que je ne me suis pas senti « expurgé » une fois la série achevée. C’est plutôt une mise à distance, une forme de « protection » que m’offre l’appareil. Comme s’il permettait de mettre un écran entre la violence de la réalité et ma propre souffrance liée à celle-ci. C’est aussi, je constate en écrivant ce texte, quelque chose de très intime où je nous « livre » dans notre union. Bien que très pudique dans l’évocation des sentiments, je me rends compte que tout de même j’ai eu ce besoin de « montrer » ce que nous fûmes. Je crois que c’est, peut-être, ainsi que naît ma position d’enquêteur. J’observe tout à la fois Sandrine (en tant qu’objet), mais une part de moi devient tout autant objet de mes photographies. Simplement, je n’en ai ni conscience, ni les mots pour le dire. Et le sujet (moi) prend des photos.

Sandrine est appuyée dos au mur, le visage ravagé, je lis une immense souffrance dans ses yeux. Le pyjama rayé connote ce portrait d’une manière totalement abjecte, référence involontaire aux camps d’extermination, à la Shoah.  Pourtant, à aucun moment je ne lui ai demandé de le porter. Je me souviens, maintenant, qu’elle le mettait très régulièrement sans que j’y prête attention. Ce soir-là, je lui avais proposé si elle voulait bien que je fasse quelques photos, là de suite, dans la chambre. Sans que je la guide elle a d’abord choisi de m’offrir ces nus où se lisent les stigmates, tout autant que son besoin de féminité. Puis ce portrait dos au mur. Et c’est bien de ça dont il s’agit : dos au mur. Au mur de la maladie, au mur de mes espoirs qui s’effritent peu à peu, au mur de notre vie future. Dos au mur aussi, très certainement de cette formation pour laquelle il faut que je fasse quelque chose !

Les symboles, les échos se mettent peu à peu en place. Ou plutôt, dorénavant que j’ai la possibilité de les lire, de les voir, j’acquiers la conscience de leurs existences. Etrangement, C’est la période où Sandrine apprendra quelle est la nature exacte de son mal. Elle souffre d’un trouble borderline. Trouble psychiatrique, ses manifestations sont une forme sévère de dépression, l’anorexie (ancienne chez elle), un repli constant par rapport au monde, une incapacité à connaître la grammaire des émotions, à savoir l’utiliser et une sensation d’enfermement permanent. Cette photographie, très importante à mes yeux, révèle je pense la totalité de sa maladie à un moment où nous ne savons pas encore de quoi elle souffre. Elle nous lie bien au-delà de tous les mots que je pourrais dire ou écrire. Et j’apprendrais quinze jours après, en même temps qu’elle, lors du seul rendez-vous que j’aurai avec son psychiatre (que par ailleurs j’avais déjà vu plusieurs années auparavant et qui m’avait encouragé à faire de la photo) le nom de sa maladie.

Tout est chamboulé par la maladie, mais aussi par ce que je ressens de celle-ci en la photographiant. J’ai changé ma pratique, abandonné pour un temps les portraits studio stéréotypés, lisses et sans intérêts. Je cherche le flou, l’accident. J’apprends, imparfaitement, un langage que je ne sais que balbutier. Parce que je n’en ai pas les codes. Qu’importe. C’est ainsi qu’il faut agir à ce moment-là : affronter l’abîme et se re-créer. Pourtant, je peine, encore maintenant, à me lâcher complétement et notamment à me libérer des règles de composition.

Mars : mois pivot.

(Mars) C’est, je pense, le mois pivot dans cette en-quête. Celui qui crée ce que je suis devenu.

Durant celui-ci je vais beaucoup photographier. J’en ai d’une part besoin pour me « protéger » de la maladie qui prend une place terrifiante dans notre vie, mais aussi parce que j’ai le besoin de dire. Dire ce que je ressens, ce que je vis.

Pas moins de 6 des 16 photos du livre (de la série) sont prises en ce mois de Mars. Dont 3 le 01 mars !

On ne peut, bien entendu, ne voir que des coïncidences, cependant :

- Mars est le mois n°3

Tout cela fait tout de même beaucoup de 3 et de 6 ! En regardant des sites sur les symboles des nombres (choses pour laquelle je n’ai ni goût naturel, ni connaissances), j’apprends que : 3 est le signe de la communication. Au-delà des traditionnelles références à la Trinité, aux Parques etc. c’est un nombre qui symbolise la Voie, dans de nombreuses philosophies orientales. Sans tomber dans la surinterprétation ou le fantasme, je note tout de même que : la photo est devenue, ou est en train de devenir, mon nouveau mode de communication : à la fois personnel, mais aussi avec Sandrine. Je suis aussi dans une nouvelle Voie : photographique, résidentielle (nous déménageons le 15/03), personnelle puisque je vais peu à peu commencer à changer ma façon d’être avec les autres, de communiquer…

6 est le symbole de la féminité, d’une forme d’unité, mais aussi de l’adaptabilité. C’est un chiffre qui est l’association de 3+3 aussi. Je travaille sur une femme à laquelle je suis unie et dont la maladie m’apprend à m’adapter. Cette femme perd peu à peu sa féminité, et pourtant deux photos du livre tentent de la restaurer ou plutôt de lui montrer qu’elle existe encore. Enfin, beaucoup de femmes préluderont à l’à-venir de ma photographie.

Je ne sais si tout cela a un sens, une importance, mais tout de même la symbolique, la répétition sont trop fréquente pour que je ne les note pas.

Ce qui est intéressant aussi avec ces 6 photos c’est que 3 représentent Sandrine et 3 des lieux.  Deux sont, pour moi, très représentatives, de ce que je ressens de cette période et semblent donner une « indication » sur ce qui est/ce qui va être.

Sur la première, j’embrasse Sandrine. Je n’y avais jamais prêté plus attention que ça jusqu’à ce qu’un ami à qui j’ai offert le livre me dise que c’était pour lui une photographie violente et tragique qu’il qualifiera de très « intime » et pudique. Et c’est vrai que ce baiser à quelque chose de profondément désespéré, comme une bouée, une ultime tentative de sauvetage de cette relation qu’intimement je sais, déjà, devoir s’achever. La violence tient au fait que j’ai presque envie de « forcer » le destin en lui montrant que je ne veux pas renoncer. Bivalence extrêmement symbolique de ce que j’éprouve alors entre lassitude de la situation et envie d’y croire. Bivalence aussi de qui je suis, coincé, trop souvent, entre mes choix et mes envies.  Mais jusqu’à cette discussion récente avec cette personne, je n’avais rien perçu d’autre dans cette image qu’une tentative un peu maladroite, au moins assez naïve, d’évoquer l’amour que je portais à Sandrine.

Sur la seconde Sandrine est face à une fenêtre, dans notre nouvelle maison. (Je vais évoquer celle-ci un peu après). Elle regarde vers l’extérieur, par une fenêtre fermée, happée par une lumière violente, alors que la pièce est dans l’ombre. Au-delà de la symbolique dedans-dehors, l’enfermement dans la maladie et la volonté de s’en libérer, je vois aussi dans ce cliché, ce qui est ma situation.

Nous venons d’acheter une maison. Nous vivions alors, dans la maison que j’avais racheté à la mère de mes filles lors de notre séparation. Sandrine acceptait mal cette demeure qu’elle n’avait pas choisie, qui lui rappelait aussi la relation que j’avais eu avec mon ex-compagne. Elle voulait donc que nous achetions un autre domicile. J’étais plutôt favorable à ça, mais sous réserve que celui-ci comporte une pièce que je pourrais utiliser à la seule fin de la photographie. Pour y créer un studio photo.

Il fallait donc une maison de 6 pièces (pour nos enfants et un bureau pour travailler), plus une pièce avec des plafonds assez hauts pour le studio, plus un peu de terrain et à un prix assez modeste. Les agents immobiliers nous ont pris pour des fous ! Pourtant, en relativement peu de temps, nous avons trouvé ce bien…

Mais cette demeure, que j’appelle la maison de la photo (clin d’œil appuyé à la MEP !), parce que c’est là que je me suis enfin senti photographe, est, à mon sens, un lieu que Sandrine n’a pas accepté, ne s’est pas appropriée, alors que je m’y suis senti bien dès le début. Et je crois que cette photographie est symbolique de cette envie de le quitter alors même qu’elle ne l’a pas investie. Ce cliché m’a aidé à prendre conscience, intimement, de l’inéluctable : notre histoire devra s’achever. J’ai trouvé mon « dedans » mais peut-être que Sandrine va rester en « dehors » de celui—ci. Et que notre intime va s’en trouver perdu.

Enfin, en mars, je participe au financement du futur livre de Christine Delory-Momberger « Exils/Réminiscences » via un crowfunding. Un très gentil mail de remerciements du 21/03, de Christine, en atteste. Par curiosité je suis allé voir quel était le prix du livre lors du crowdfunding…33€. Sois-je vois des 3 partout et je me fourvoie. Mais 33 c’est deux fois 3, c’est aussi 3+3 donc 6. Et puis, ce livre est une trilogie. Il y a des signes qui ne trompent pas surtout quand on sait quel rôle va tenir Christine dans cette histoire par la suite. Et quelle place les livres vont tenir dans mon travail et mon accomplissement.

Mars est donc, à bien des égards, un mois capital dans l’accomplissement de ce travail photographique, mais aussi dans la construction de cet intime mouvant. Je ne suis plus le Frédéric d’avant la masterclass, que ce soit photographiquement, mais aussi humainement, géographiquement, culturellement. Enfin, le mois de mars revient encore une fois, puisque ce texte est écrit et corrigé durant celui de 2021.  

Vers un nouveau paradigme

(Avril) Les 14 et 15 avril nous nous réunissons pour le deuxième week-end de la masterclass. Je viens à Paris, seul, pétri de doutes, parce que je n’ai alors rien montré de mon travail sur l’Absente. Même si j’ai la conviction intime que cette série est bonne, pour plusieurs raisons, mais notamment parce qu’elle est sincère, je n’ai pas le recul, ni la confiance nécessaire pour être convaincu.

Toutefois les commentaires de nos enseignants sont favorables, sinon laudateurs vis-à-vis de mon travail. Par ailleurs, c’est un moment charnière parce que non seulement j’apporte ce début de série, mais aussi une phrase extraite d’un poème de René CHAR qui résume parfaitement ce que je ressens de notre histoire à Sandrine et moi.

« Modeler dans l’Apocalypse, n’est-ce pas ce que nous faisons chaque nuit sur un visage acharné à mourir ? » [1]Cette phrase a « surgi » un soir que je lisais ce recueil acheté bien des mois auparavant et semblait résumer exactement ce que je ressentais de nos vies.  Par ailleurs, ce poème, sera aussi à l’origine de ma future série (en cours) « Détours ». Plus généralement, le recueil « Aromates chasseurs »[2]est une puissante source d’inspiration et fait très souvent écho à mes pensées, ma recherche photographique.

D’ailleurs, le premier texte s’ouvre par ces mots : « Ce siècle a décidé de l’existence de nos deux espaces immémoriaux : le premier, l’espace intime où jouaient notre imagination et nos sentiments ; le second, l’espace circulaire, celui du monde concret. Les deux étaient inséparables. Subvertir l’un, c’était bouleverser l’autre. »

Il me semble que ces phrases résument profondément ce que je suis en train de faire, mais aussi tout ce que Christine et Valentin font en travaillant autour du pouvoir de l’intime et de la démocratie sensible.

Ce même jour Christine Delory me donnera mon exemplaire d’ « Exils/Réminiscences » assorti d’une très belle et gentille dédicace.

Ce livre va avoir une importance fondamentale dans ma compréhension de ce qu’est être photographe, mais aussi dans la construction de ce que je suis.

Je le lirai le 14 au soir dans cette petite chambre que j’ai loué pour deux nuits. Je comprends au fil des pages, peut-être bien plus que lors de la présentation qu’en avait faite Christine lors de la première rencontre de février, ce que photographier veut dire, ce que se « dire » photographiquement peut être.

Je me rappelle qu’en février Christine nous avait exposé son travail et qu’il me semblait bon, mais sans que je ne comprenne pourquoi. Peut-être parce que je n’avais pas assez de culture, mais aussi, je pense parce que je n’avais pas acquis la sensibilité nécessaire. Avec le recul, il apparaît que je me suis transformé durant un laps de temps assez court. Ce n’est pas un nouveau Frédéric, mais plutôt un Frédéric autre, qui émerge à ce moment-là.

D’ailleurs, le lendemain Christine présentera son travail aux formateurs. La discussion est tendue avec Flore qui, je crois, reproche à Christine un ton trop « universitaire » dans l’explication de ses photographies. Je demande à prendre la parole et tente d’expliquer à Christine ce que j’ai ressenti la veille au soir à la lecture du livre. Ce « voyage », ces gouffres traversés, cette façon de se dévoiler. Et j’essaye de lui dire que c’est peut-être plus quelque chose qui vient de mon cœur que de mon cerveau. Je ne me souviens plus des termes exacts, mais c’est l’idée générale.

Cette prise de parole est pour moi significative :

- C’est la première fois que je tente d’expliquer à quelqu’un ce que je ressens de son travail et surtout que je le fais dans le calme. D’un naturel emporté, colérique, j’ai toujours eu tendance à être brutal et/ou cassant quand j’explique. Et là, j’y arrive d’une autre manière. Pourquoi, Je n’en sais rien. Mais c’est, à mon sens, un très bon exemple du photographe que je veux être.

- Très vraisemblablement Christine ne se souvient pas de cet événement, mais il a contribué à me rapprocher d’elle. Je me sentais « en relation » avec cette difficulté à saisir l’intime et surtout à le restituer. [3]

- Un des livres de sa trilogie se nomme « tendre les bras au-dessus des abîmes ». Ce titre me paraît une synthèse parfaite de ce que je vivais et faisais en photographie.

Enfin, ces deux jours seront l’occasion de prendre deux des photos que je juge les plus énigmatiques de mon livre.

Dans mon Airbnb, je photographie :

- Une ampoule nue, allumée. En dessous d’elle on distingue le haut d’une porte. Qu’est-ce qu’elle est ? Je ne sais toujours pas. Un espoir ? Pourquoi pas. Mais elle est bien seule, la porte paraît close, il fait noir. Plus je regarde cette photographie moins je lui trouve de sens, mais pourtant elle me paraît essentielle dans le récit. Parfois, je repense à Guernica de Pablo Picasso et son énorme ampoule incandescente. Ai-je compris cette nuit-là, seul, que ma relation allait s’achever elle aussi par une forme de déroute?

- Une fenêtre en contre plongée. Elle est fermée et derrière on distingue un bout de ciel, des étages de ce qu’on comprend être la cour intérieure d’un immeuble parisien. Encore une fois je n’arrive pas à lui donner de sens Qui regarde ? Sandrine ? Moi ? Espérant, redoutant quoi ?.

- Les interrogations que soulèvent ces deux photographies sont propres à moi, mais je pense qu’elles ont une forme d’universalité que d’autres clichés n’ont pas dans ce travail.

D’ailleurs, lors d’une lecture de portfolio avec Héloïse Conesa de la BNF, qui par ailleurs a moyennement adhéré à l’Absente, elle relèvera ces deux images et m’invitera à travailler cet axe.

Enfin, et c’est à mon avis l’élément qui clôture ce mois d’avril mais qui donne une orientation nouvelle à la suite, dans le train du retour je vais écrire le poème qui accompagne les photographies.

Ce texte, rédigé en deux heures trente, ne sera quasiment pas retouché par la suite. Il vient, d’une traite. Il fallait, je pense ce week-end, ces encouragements, cette prise de conscience pour qu’il naisse.


L'absente

La nuit perfore le monde. Ne reste alors que ton absence, tes yeux vagues.
Le silence de l'ombre.
Modeler l'apocalypse, partir, rester, fuir devant le ciel morcelé de songes.
Tu n'es pas là, plus là, jamais tout à fait. A peine quelques battements de secondes.
De jours en jours, en minutes silencieuses restent les ombres.
Une fois. Deux fois. Trois fois.
Pourtant, même si l'aurore te dévore, tes yeux s'éteignent et les heures s'alourdissent reste la trace des étés inlassables, nos joies et le bleu des nuits.
La vie sans absences.

Je crois, maintenant, que c’est la lecture du livre de Christine et surtout de voir qu’il était accompagné de textes dit poétiques qui m’a incité à adjoindre le mien au livre. Le poème n’est pas écrit pour la série, la série n’est pas faîte pour orner le poème. Mais ils ne vont pas l’un sans l’autre.

Je pense donc que ce mois d’avril a permis la venue de ce que je souhaite offrir humainement et photographiquement.

Maturation

(Mai-octobre) Les mois suivants, paradoxalement, seront beaucoup plus « vides ». Une seule photographie, prise en mai, prendra place dans l’Absente. Ce sera d’ailleurs la dernière puisque j’ai le sentiment en juin d’avoir achevé le travail de prise de vue. Sandrine va mieux, déjà, mais il n’y a pas que ça. Je pense, sans pouvoir l’exprimer, que plus serait trop, que tout ce que je voulais dire est dit. Je vais tout de même travailler le tirage, l’éditing, le choix des papiers. Mais c’est une période de latence. Au regard de ma vie ces moments sont assez réguliers. Période où je dois « digérer » pour me re-créer. Périodes d’attentes pour laisser advenir ce qui doit. Périodes souvent, aussi, difficiles, parce que de doutes, régulièrement liées à un deuil à accomplir. (La plupart du temps amoureux). Il faut que celui que je vais être prenne le temps d’exister.

En octobre, les 5 et 6, ont lieu les dernières rencontres de la masterclass. Nous devons présenter notre travail à une personnalité du monde de la photographie. Ce sera Jean-Luc Monterosso, ancien directeur de la MEP.  Et ce sera le 6 octobre…Une fois encore un 6.

La présentation se passe très bien, M..Monterosso apprécie mon travail, me le dit, m’invite à essayer de le publier. Moi qui ai toujours rêvé d’avoir mon nom sur un livre, voilà qu’on me dit que c’est possible et même souhaitable ! D’ailleurs, après le repas de midi, il me renouvellera ses compliments et me redira de chercher à publier ce travail.

Quelques jours plus tard, un ami partage sur Facebook une vidéo : ce sont les retours des lectures annuelles de portfolio que fait Sylvie Hugues à la MEP. Elle évoque ses 10 « coups de cœur ». Un d’entre eux, Fabrice Domenet, attire mon attention parce que son travail a une poésie qui me plaît beaucoup. En consultant son profil, je me rends compte qu’il a un livre à paraître chez Bis Editions.

Ce qui est intéressant c’est que mon ancienne formatrice évoque ses coups de cœur vus à la MEP dont l’ancien directeur m’a chaudement félicité !

Je fais parvenir un dossier à Jérôme Bessone le directeur de Bis Editions…qui me rappelle presqu’aussitôt et m’informe qu’il est partant !

Je n’ai envoyé la série qu’à 3 (encore 3) éditeurs, j’ai eu un refus, une absence de réponse, une acceptation. Quand on sait la difficulté pour un auteur débutant à se faire publier, quand on sait qu’il faut en général beaucoup de temps pour avoir ne serait-ce qu’une réponse, ce qui m’arrive est soit miraculeux, soit le fruit d’une cohérence liée aux personnes, lieux.

Intimement, je suis convaincu que les choses se sont faîtes ainsi parce que je n’ai absolument pas eu de doutes sur la faisabilité du projet. Ce livre devait exister. Il fallait juste suivre les signes (dont je n’avais pas conscience à l’époque, dans le sens où je n’avais pas les clés pour les percevoir) et faire les choses.

Toutefois, cette période va être féconde dans mon apprentissage de la culture photographique. Jusque-là la mienne était parcellaire, très lacunaire. Je n’avais lu que quelques monographies de photographes reconnus et d’immenses pans de la photographie m’étaient inconnus. La Masterclasss, mais aussi les livres de Christine et d’Antoine d’Agata m’ont permis de comprendre que sans un bagage sérieux, il serait impossible de progresser dans ma pratique. Par ailleurs, de formation universitaire, j’ai toujours eu ce besoin de me confronter au livre pour progresser. C’est d’ailleurs, ce moment où j’ai appréhendé la différence entre une exposition de photographies, un livre de photographie, la qualité d’un tirage, d’une scénographie, d’une mise en page…

Depuis toujours j’aime écrire. Début février 2020, Pierre Léotard, directeur éditorial de Corridor Eléphant fait paraître sur son site une demande : il cherche des chroniqueurs pour le site. Je n’ai jamais rédigé de chroniques de ma vie, mais connaissant par ailleurs Pierre, qui avait eu le courage de publier mon travail studio dans Niepcebook, je lui soumets ma candidature et lui offre de chroniquer des livres photographiques récents.

Le texte que je lui fais parvenir est catastrophique ! N’ayant aucun des codes de la chronique, c’est une sorte de fatras sans réel intérêt, sans structure. Toutefois, Pierre m’appelle, prend le temps de m’expliquer ce qu’il attend et quand je lui soumets un second texte, il l’accepte.

Dans le même temps, je lis régulièrement le blog de Fabien Ribéry, L’Intervalle, dont j’admire l’aisance, la fluidité, le style.

Les chroniques sur Corridor ne paraissent que tous les deux mois, alors, afin de publier mes textes plus régulièrement, j’ouvre le blog 5ruedu.fr, le 21/02/2020.[4]

Je peux donc, dès à présent, publier des textes, environ une fois par semaine, n’étant limité que financièrement par l’achat de livres photos assez onéreux. C’est le moment où la France entre dans son premier confinement. Le temps prend une texture très particulière, j’assure mes cours en virtuel à des élèves qui peinent à accrocher, la situation est très compliquée à la maison, parce que nous vivions une partie du temps à 6. La photographie en tant que telle n’a pas de place, mais les livres photos si et je m’y « plonge ».

Le projet « détours » naît dans cette période, mais avec des contours très flous. C’est plus un sentiment, que quelque chose d’abouti.

C’est aussi, début octobre, le moment où nous nous séparons avec Sandrine. La maladie a repris beaucoup de place, mais plus que ça, je pense que notre relation était achevée. Elle a duré 3 ans et 9 mois ; faut-il s’étonner de ces 3 et multiples de 3 ?

Par contre, sur le blog je chronique le livre que Christine Delory a consacré à Klavdij Sluban. Elle me remercie et semble avoir apprécié mon texte. Ce qui m’amènera à chroniquer ses livres suivants : « Exils/réminiscences », « Le pouvoir de l’intime » (avec V Bardawil) et « Insurrection Créatrice » (avec V Bardawil) ainsi que son exposition « L’entaille de L’exil ».

Mais je vais y revenir.


Le 08 décembre paraît, enfin, L’Absente chez Bis Editions. La publication a été ralentie par de nombreux aléas : confinement, soucis financiers, imprimeur nous faisant faux bond. Pourtant, alors que je suis quelqu’un de plutôt pessimiste en général, je n’ai jamais envisagé que cette parution puisse ne pas se faire. C’était une certitude. La même que celle que j’avais de trouver un éditeur, par exemple. Ce qui me surprend maintenant c’est que je ne suis vraiment pas quelqu’un qui a confiance (ni en lui, ni dans ce qui pourrait arriver de bien), or à aucun moment je n’ai eu de véritables doutes quant à cet ouvrage. Est-ce une partie de moi qui a décidé de croire ? qu’est ce qui a « bougé » pour que j’ai cette confiance ? Enfin, je suis, pour le moment, le seul des stagiaires de la masterclasss qui a publié un livre.

Le livre reçoit de bons échos des gens qui comptent à mes yeux ; Fabien Ribéry, Pascal Therme, Olivier Bourgoin notamment seront élogieux. Sandrine, à qui j’ai offert un exemplaire, a été très touchée.

Et le blog a maintenant un an.

Mais surtout, ce qui me paraît primordial dans la période décembre mars (jusqu’à l’écriture de ce texte donc), c’est la qualité de la relation avec Christine.

En effet, d’une relation courtoise de condisciples au début de la mastercclass, nous sommes parvenus à une relation d’amitié qui débouche sur l’écriture de ce texte. Quand Christine propose, en compagnie de Valentin, un workshop à Paris sur le pouvoir de l’intime, je postule pour un des deux week-ends. Or, les deux formateurs souhaitent que les stagiaires soient là aux deux. Et ils décident de prendre de leur temps pour que nous fassions la formation à distance eux et moi. Trio. 3 encore une fois.

La rencontre avec Valentin me permet aussi de prendre conscience des synchronicités, notamment, de la rétro-causalité aussi.

Les pièces d’une forme de puzzle se mettent en place re-créant mon histoire comme photographe (il est loin le temps des fleurs en studio, du studio), mais aussi, comme humain. Ce que j’ai appris de mon attitude comme photographe (calme, patient, conciliant) prend peu à peu place dans ma vie de père, de compagnon aussi. Est-ce la photo qui m’a appris ça ? La maladie de Sandrine ? Les deux ? je crois qu’il y a une relation sensible, une porosité d’un espace à l’autre et que tout se transforme sans cesse.

Enfin, je me rends compte que cette partie de ma vie a eu aussi une influence assez surprenante dans la perception que ma mère a de moi.

Depuis toujours, l’artiste de la famille était mon frère. Bon en dessin, il semblait être celui que l’Art « touchait ». Pour diverses raisons évoquées dans « des pourquoi du comment » je n’étais pas artiste, pas photographe. Mais, lors d’une discussion avec ma mère il y a peu, elle a dit ce qu’elle m’avait déjà dit quelques semaines auparavant : je suis l’artiste. J’ai publié un livre, je suis reconnu comme auteur photographe. Cet « aveu » est déroutant parce qu’il rebat les cartes, il brouille mes certitudes intimes. Et il m’oblige quelque part à assumer ce statut, à accepter que je sois bien un artiste. Dernière Trinité dont je prends conscience en écrivant : ma mère, mon frère, moi.

En guise de conclusion

Il faut maintenant conclure ce long texte. L’écriture de l’Absente a été une forme de bouleversement. A bien des niveaux.

Mon écriture photographique a changé et change encore même si elle se détermine autour d’un axe.

Ma relation à l’écriture s’est affirmée avec le blog.

La façon dont je perçois les gens, dont je me comporte avec eux est devenue très différente, notamment vis à vis de leurs souffrances. Ma relation aux femmes notamment a été bouleversée. Il faut dire que dans depuis ce jour de février 2019, les femmes ont eu une place capitale dans cette histoire : Christine, Flore, Sylvie, ma mère et Sandrine surtout, voilà un univers presqu’exclusivement féminin ! Est-ce que c’est un signe ? Très certainement. C’est aussi, je pense, une manière de me placer autrement dans mon rapport au monde. De franchir des béances ou de les regarder.

Le fait est que je ne suis plus le même qu’il y a deux ans. Mais je sens que la transformation n’est pas, ne sera jamais finie. Parce qu’il faut sans cesse se re-créer, il faut aussi aller puiser au cœur de l’intime non pas des réponses, il n’y a pas de réponses, mais des signes, des codes qui permettront d’être tout à la fois Soi et un Autre. Parce que c’est de ça dont il s’agit, d’altérité. Je ne suis pas Frédéric un élément monolithique, immuable. Je suis un intime changeant, fluctuant et dans mon rapport aux Autres (à ceux qui me sont extérieurs, mais aussi aux autres Moi) je ne cesse de trouver des ressources pour avancer, pour (me) transformer.

Il y a, enfin, une évolution sensible de mon rapport au monde. Je ne suis plus le même Frédéric, non plus, dans mon approche de la photographie, de l’Homme, de l’écriture. Parce que cette série, qui finalement est interdépendante à ma vie, m’a ouvert des horizons que j’appréhendais mais qui me semblaient inaccessibles. Je crois que photographier l’Autre dans l’ensemble de ses dimensions, c’est aussi se regarder, se comprendre et se donner la possibilité de devenir un Autre.

De se construire.

Parce que c’est de ça dont il s’agit : la construction de Soi dans domaines variés, l’affirmation de sa singularité (littéraire, photographique, humaine) par l’acte.



[1]René CHAR, « Ce bleu n’est pas le nôtre » In Le nu perdu

[2]« Aromates Chasseurs » 1972-1975 in Le nu perdu

[3]J’espère ne pas trahir ce souvenir. Je sais que la mémoire est retorse et joue parfois des tours. Mais l’événement me semble suffisamment fondateur et important pour que je lui accorde toute l’importance qu’il mérite.

[4]Par jeu, je viens de m’amuser à additionner ces chiffres. 21+2+2+2=9. Soit un multiple de 3. Soit 3+6. Est-ce un signe, une coïncidence, est ce que je cherche à tout prix à voir des 3 et des 6 partout ?