Un jukebox humain, voilà une bonne définition d’un photographe. Il se doit de pouvoir interpréte sans faillir une myriade d’émotions dont la palette se reflète dans les couleurs plus ou moins passées, surexposées ou assombries des Polaroïds. Ce manque de fiabilité donné par cet objet photo, ce rapport très humain, profond et ce charme de gueule d’ange cassée immédiat, voilà ce qui m’importe.
Le rêve, la musique, la route, la furie, la folie, l’abandon de soi, la conquête, etc. Tous ces élément se retrouvent dans mes photos et c’est aussi une part de moi-même que j’injecte à mon sujet en l’interpellant et en entrant dans son intimité. J’aime à penser qu’on peut me retrouver dans chacun de ces clichés.
Lors de mes errances et recherches de sujets dans la rue, j’ai toujours tendance à me diriger vers ces personnalités marginales, les doux dingues et les rêveurs. Leurs yeux, leur regard et leur attitude trahissent une personnalité d’enfant qui a refusé de grandir. Un charme incandescent se dégage d’eux qui en retour leur donne une aura magique que je m’approprie en les photographiant. De même, lorsque je photographie des natures mortes.
Ces lieux traversés et appréhendés des milliers de fois, ces acteurs de la vie figés pour toujours dans une pause cinématique, ces guitares négligemment entreposées, ces voitures aux vitres sales et ces murs aux graffitis décrépis ; ce sont autant de clés vers mon monde intérieur, que de pièces appartenant à cette immense propriété qu’est le monde et que je parcours depuis maintenant quarante ans.