Ces photographies ont été réalisées avec mon complice de l’époque, mon leica 3 du début des années 40, alors un appareil abandonné et pas utilisé depuis des décennies par les photographes des années 90.
Réaliser une sorte de carnet intime, oui, mais pas celui qui raconte littéralement ce que je vivais chaque jour et qui paraissait très spectaculaire...entouré des tops models, les shootings aux studios photos, les passerelles des défilés, le château en Belgique, l’hôtel de la rue du Bac, les voyages et les fêtes aux Bains Douches, mais plutôt un autre carnet, vraiment intime, presque dans le domaine de ma spiritualité, mon vrai jardin secret, celui qui m’émouvait intérieurement, qui m’a donné la force de vivre.
Ainsi ces images, de l’eau qui coule entre les pierres des ruisseaux à Cordoba, en Argentine, le salon de musique où j’ai joué des heures du piano, la vue des Alpilles, que j’ai regardé presque hypnotisé pendant mes séjours à Saint Rémy de Provence, les chevaux et la maison où est né mon père dans la pampa argentine ... comme les sculptures romaines que j’ai regardé presque en extase dans les grands musées, le chien qui attendait notre présence tout doucement ou les ruines de la Grèce, qui réveillaient mes mythologies profondes.
Il en est tout autant de la fleur qui m’accompagnait toujours rue du Bac, ou l’arbre solitaire au milieu des champs de blé au Château de Fernelmont, également de l’effervescence de Rio de Janeiro, du recueillement paisible des Buddhas en Thaïlande... avec pour aboutissement une séance d’autoportraits en mise à nu, impensable autrement.

Gustavo Urruty