... Au gré du réchauffement climatique, les glaciers diminuent à vue d’œil, d’année en année. Les plus petits n’existent souvent plus que sur les cartes du siècle passé. En conséquence, les glaciers sont regardés différemment, avec la conscience claire qu’ils participent de paysages en sursis et deviennent ainsi les sujets d’une nostalgie future, proche à l’échelle humaine. Dans ce contexte, l’ambition photographique contemporaine d’Aurore Bagarry de représenter l’ensemble des glaciers qui jalonnent le massif du Mont- Blanc, prend un sens nouveau, celui d’un acte esthétique dont l’urgence réunit la forme et le fond. Voir, regarder, montrer, représenter ce qui ne sera plus prochainement est aussi un geste politique au sens large du terme.

Le caractère documentaire de ses photographies longuement réfléchies et sélectionnées au terme d’une exploration systématique de l’ensemble des glaciers pendant près de cinq années a engendré un regard neuf, original, sous-tendu par la transformation rapide du territoire alpin.

.... Aurore Bagarry fait partie des photographes dont le talent et la culture permettent à la photographie contemporaine de renouveler de manière réjouissante, la représentation de la montagne.

(extraits de l’introduction du livre Glaciers volume 2, éditions h’artpon)

Le conditionnement social et le libre-arbitre habitent l’œuvre d’Olivier Culmann.
Il déclare “avoir photographié les Indiens sans les Indiens“, étant à la fois modèle et photographe.

OLIVIER CULMANN

Je est «autres»

... Dans ces décors, Olivier Culmann, qui donne de sa personne, s’inscrit en adossant l’apparence vestimentaire, capillaire, l’attitude et les accessoires de ses modèles qui ne sont pas des personnages réels, mais des images auxquelles il se conforme. Le voici devenu image à son tour. (...) Il ne s’approprie aucune identité des autres. Il endosse -certainement-, il joue indéniablement-, il parodie -peut-être-, il représente –sans doute- le rôle des autres.

(...) L’exercice en studio devient tout autant un catalogue de ces lieux de prises de vue, avec leurs dispositifs et leurs accessoires (il s’agit aussi, en ce sens, d’une série documentaire), que de l’occasion ludique – jusqu’à la multiplication de plusieurs Olivier Culmann différents sur la même image – de se mettre en scène dans le cadre privilégié de constitution d’une identité photographique, ici détournée de sa fonction.

CHRISTIAN CAUJOLLE (Extrait du texte de The Others, éditions Xavier Barral)

A l’écart du tumulte touristique qui agite les plages de la côte méditerranéenne en période estivale, la plage dite « des Mouettes », à Sète, s’étend sur quelques centaines de mètres, en bordure de l’étang de Thau. Juste une lagune aux contours irréguliers dessinés par le flux et le reflux continus de l’eau salée où quelques îlots de sable accueillent chaque année à l’abri des regards, baigneurs et pêcheurs, en famille ou entre amis, portés par le plaisir de l’entre-soi, installent leur serviette entre algues et roseaux, perpétuent les gestes d’antan. Née et grandie à Sète, Sandra Mehl a documenté cette plage durant les étés 2012, 2013 et 2014. Chaque promenade solitaire sur ce lieu fut comme une rencontre avec un territoire secrètement préservé, à l’écart du bruissement du monde, où vivent les membres d’une communauté lagunaire perpétuant les rites d’une sociabilité populaire, et les savoir- faire vernaculaires typiques de la côte méditerranéenne.