Galerie XII

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14 Rue des Jardins Saint-Paul, Paris 4e


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Antoine Passerat.
Hammam



Je me souviens quand je suis entré. Il faisait chaud. C’était humide. J’entendais le ruissellement continu de l’eau autour de moi. Une lumière diffuse me fit perdre progressivement la connexion avec le monde extérieur. Dans les bains de vapeur j’étais invisible. Invisible à moi-même, je devenais l’autre. Les hommes en pestemal autour de moi confiaient leur corps aux mains des tellak pour être lavés. Une fois purifiés, ils s’allongeaient sur le marbre séculaire, comme des enfants, à la fois fragiles et vulnérables. La fragilité de ces corps à l’abandon me toucha. Ils étaient des miroirs dans lesquels je me voyais refléter. Quand les hommes s’assoient ensemble autour du feu, ils reconnaissent instinctivement une certaine fratrie, un code ancestral qui les unit et les soude ; alors pourquoi avons-nous si peur quand nous sommes entre hommes de nous dévoiler, de partager nos émotions ? Reconnaître sa propre vulnérabilité est perçu comme une faiblesse alors que c’est une force. En le faisant nous donnons à l’autre la permission d’en faire autant.

“Le sujet photographié devient souvent un miroir de ce que je ne sais voir en moi-même.”



Carole Bellaïche.
25, boulevard Beaumarchais



J’y pense tous les jours, j’y pense comme à un être humain, comme à un personnage principal de notre histoire familiale, nous étions cinq mais en fait nous étions six... J’y pense comme si on l’avait quitté hier, on est partis de là-bas en été 1990.
C’était Beaumarchais, l'appartement où j’ai grandi, où nous avons vécu en famille, mes parents mes soeurs et moi, comme dans une grande maison familiale. C’était notre fief, Beaumarchais comme on l’appelle toujours, merveille dénichée par ma mère dans un échange à trois dans les années 60, au cinquième étage d’un immeuble massif du boulevard, un paquebot.
Inondé de lumière, aucune fenêtre au Nord, des levers et couchers de soleil en été interminables, et une vue sur tous les côtés de Paris. C’est là que j’ai appris la lumière, le contre-jour, les perspectives, la mise en scène de mes modèles, et où j’ai aussi appris cet amour des maisons, des lieux, qui deviennent des décors, comme s’ils appartenaient plus à un monde de fiction qu’au réel.
…Et nous l’avons quitté. Il a fallu vider les grandes pièces, surtout les grands placards où s’entassaient "Le Monde" de notre père depuis notre arrivée en 1965, les tissus, coupons, draps, nappes et rideaux, dans les grands placards du couloir de la cuisine, les objets, tableaux, meubles et collections de ma mère. Petit à petit, l’appartement s’est démembré, n’a plus existé. Et je n’ai rien oublié...

Carole Bellaïche
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Un livre à venir aux éditions Revelatœr