Le complexe du homard est une série en trois carnets sur l’adolescence, sorte de “journal intime des autres“, mais qui a valeur d’autoportrait. L’adolescence n’est-elle pas un moment suspendu de fusion-confusion où la confidence de l’autre est le socle mouvant de la construction de soi ?
Dans la Sine soleo sileo, elle réfléchit sur son propre geste photographique.
« Sur un cadran solaire de Rome je lis “Sine Soleo Sileo“, je regarde les ombres bleues des pins parasols, un laissé-pour compte des soleils d’été tape sur un verre renversé, il m’étourdit. Cette solaire solitude me rend nostalgique d’un instant d’éternité et dans chaque détail je vois l’absence du monde que je traverse en silence. Alors que je crois poser un regard tranquille sur le monde, mes cils battent 11 500 fois par jour. Puis, dans les fragments des souvenirs je retiens mon souffle et regarde avec le plus d’attention possible, ce qui est simplement là, ce qui s’offre à moi dans la présence des choses… Et sans le soleil je me tais ». 

Cléo-Nikita Thomasson

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C’est en février 2021 qu’Isabel Perez del Pulgar m’a parlé d’une grande quantité de photographies de sa vie passée, lui rappelant de très mauvais souvenirs de couple, dont elle souhaitait se débarrasser sans trop savoir comment. Fallait-il les brûler ? Les jeter à la benne ? Les renvoyer à l’intéressé́ ? Ces cartons de photographies étaient comme des chambres de barbe-bleue devant lesquelles elle passait avec terreur. Oui, terreur. Ce dont il fallait se débarrasser c’était de ce sentiment-là plutôt que des cartons eux-mêmes.
Quelques jours plus tard, Isabel Perez del Pulgar a commencé à investir ses archives. Elle a opéré par déchirures, brûlures et scarification sur la matière unique des tirages d’époque. En explorant les effets de déplacements et de libération produits par la reconfiguration plastique des images figées du passé, elle a enquêté sur la mémoire et notamment sur le rôle des photographies et de leur mise en scène (albums de famille, encadrement etc.) dans la construction de l’histoire personnelle et collective.

Yana O’Connell /Directrice artistique du Larvoratoire