LE PRIX DE L’INTIME
RPBB / Photo Doc


MANIFESTE

“Dans un monde relié, il n’est plus temps
de vouloir
informer mais de transformer”

Il y a urgence à redéfinir le positionnement d’une photographie documentaire dans ses nouvelles formes d’écriture liées à l’intime, face aux questionnements que suscitent les phénomènes anthropiques mettant en question les formes de vie et les conditions d’habitabilité de la Terre.

Dans ce monde en bascule marqué par la prise de conscience des interdépendances, nous ne pouvons plus nous contenter d’une photographie de «l’information» à prétention «objective». S’écartant de l’intention de livrer un témoignage qui le rend extérieur à ce qu’il documente, le photographe auquel nous nous intéressons et qui rend pertinente la création du Prix de l’Intime RBPP / Photo Doc cherche davantage de manière consciente, à établir par le biais de sa photographie, souvent réalisée dans une relation de co-création avec les personnes photographiées, un lien intime avec le monde et ses habitants pour le comprendre, le partager et le transformer.

C’est par l’intime que le photographe se relie aux évènements et situations photographiés, en en «prenant part», générant tant chez lui des transformations personnelles, qu’auprès des personnes photographiées ou des situations documentées qui deviennent ainsi des marqueurs d’existence. 
Ainsi ses photographies, si elles sont incontestablement une œuvre artistique ou si elles demeurent «objets» d’information, elles sont également un moyen pour chacune des parties concernées : photographe, «photographiés» ou «regardeurs», d’entrer dans une construction de soi et une co-construction reliante et transformatrice.

Les récits fécondés par une photographie documentaire portée par l’intime créent un espace de partage d’altérité, cœur de «démocratie sensible», telle que l’a définie le philosophe Michaël Fœssel[1], devenant ainsi un partage de l’intime considéré comme un «bien commun», saisi à un niveau politique, comme nous l’avons envisagé dans notre livre référence Le Pouvoir de l’intime dans la photographie documentaire[2].

Christine Delory-Momberger, Charlotte Flossaut, Valentin Bardawil.



[1] Michaël Fœssel (2008). La Privation de l'intime, Mises en scènes politiques des sentiments. Paris : Seuil.
[2] Christine Delory-Momberger & Valentin Bardawil (2020). Le Pouvoir de l’intime dans la photographie documentaire. Arles : Arnaud Bizalion éditeur.