Photo Doc Galerie

avec l’Observatoire des nouvelles écritures
de la photographie documentaire


Charlotte Flossaut, Christine Delory-Momberger & Valentin Bardawil

photodoc@photodocparis.com


︎


Oriane Ciantar Olive

Les ruines circulaires



Orianne Cianta Olive emprunte le titre d’une courte et énigmatique nouvelle de Jorge Luis Borges Les ruines circulaires pour nommer son livre tout aussi étrange et subtil, qu’elle définit comme « un essai photographique à mi-chemin entre récit métaphysique et documentaire ». Si l’on entre comme dans un rêve dans le récit de Borges, ce sont les yeux grands ouverts et les sens en alerte que l’on aborde le territoire iconique et textuel de Orianne Ciantar Olive. Il nous faut d’abord trouver la voie de sa propre traversée, de son enquête, les images ne se donnent pas, elles s’esquivent si l’on s’en approche trop légèrement et les textes poétiques ne se livrent pas si l’on en fait une lecture trop hâtive. C’est avec patience, humilité et respect que s’embrasse ce corpus.
(...)
La crainte et la peur transpercent ces images témoignant de l’agonie d’un pays et d’un peuple otages d’un conflit qui ne trouve pas son terme. Pour rendre compte de cela, Orianne Ciantar Olive ne pouvait s’en tenir à des images lissées et elle est entrée dans un corps à corps avec la matière, retournant ses pellicules, procédant à des solarisations et accueillant les accidents photographiques comme autant de retournements pour faire émerger cet autre versant d’une histoire torturée et insensée d’un pays qu’elle nomme Nabil, nom inversé du Liban.
(...)
Ruines circulaires, éternel recommencement de l’histoire et comme dans la nouvelle de Borges où le protagoniste inverse le cours du récit en comprenant soudain « que lui aussi était une apparence, qu’un autre était en train de rêver » ; happés par une plongée en apnée dans les images et les textes, nous entrons dans cette histoire devenue la nôtre et une fois le livre refermé, nous sommes cette histoire.

Par Christine Delory-Momberger