PHOTO DOC. GALERIE
Charlotte Flossaut, Nicolas Lévy, Valentin Bardawil
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TISH MURTHA & STEPHEN SHAMES
Conversation II
Faire dialoguer le travail de l’anglaise Tish Murtha avec celui de l’américain Stephen
Shames relève de l’évidence tant il est facile de leur trouver des points communs :
même génération, même culture anglo-saxonne, même approche.
Tish appartient à la nouvelle génération de photographes britanniques qui émerge dans les années 1970 et qui renouvelle le genre et la tradition documentaire. C’est une photographie engagée qui revendique, cependant, sa subjectivité et son parti pris esthétique. Très vite, Tish travaille pour la Side Gallery du collectif Amber, implanté dans les quartiers ouvriers de Newcastle-Upon-Tyne depuis 1969. Les photographies présentées ici proviennent, pour la plupart, d’une série Youth Unemployment commandée au début des années 1980 par la Side Gallery.
Le Royaume-Uni vit ses premières décompositions sociales et politiques engendrées par l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher. Ses conceptions néo-libérales sapent les fondements du Welfare State et sa notion de partage collectif. Avec le déclin des industries manufacturières au profit du secteur tertiaire, la classe ouvrière perd son statut. Pire, elle est reléguée dans l’underclass, concept que l’on retrouve des deux côtés de l’Atlantique, chez les deux âmes sœurs que sont Thatcher et Reagan, qui puise ses sources dans celui de la culture de la pauvreté : c’est la nature même des pauvres que d’être pauvre. Être pauvre n’est plus lié au manque de ressources mais résulte d’une prédisposition à la paresse et à l’inadaptation. On ne peut donc rien faire pour eux.
L’idéologie libérale bat son plein dans ces deux pays, celui de Tish et celui de Stephen. Et les deux photographes sont bien décidés à montrer l’envers du décor, celui des laissés-pour-compte, de leurs quartiers miséreux et de leur quotidien désespérant. Sans que jamais le pathos ou le pittoresque ne s’invite. Sûrement parce que Tish et Stephen ne sont pas des touristes dans de furtives excursions. Pour Tish, ce sont ses proches, sa famille même, et ses amis qu’elle photographie sur les lieux de son enfance. Pour Stephen, chacun des projets présenté ici, que ce soit le Bronx ou la pauvreté des enfants, est le résultat d’un travail de longue haleine, 20 ans pour l’un et plus de 10 ans pour l’autre. C’est là un autre de leurs points communs : une démarche proche de l’anthropologie, en totale immersion avec les sujets photographiés.
Ces images rassemblées, qui s’imbriquent et se croisent, nous offrent le meilleur de la tradition documentaire anglo-saxonne, comme un puissant hommage rendu aux lointains précurseurs, ceux de Mass-Observation et de la Photo League.
ISA BONNET, COMMISSAIRE D’EXPOSITION
Tish appartient à la nouvelle génération de photographes britanniques qui émerge dans les années 1970 et qui renouvelle le genre et la tradition documentaire. C’est une photographie engagée qui revendique, cependant, sa subjectivité et son parti pris esthétique. Très vite, Tish travaille pour la Side Gallery du collectif Amber, implanté dans les quartiers ouvriers de Newcastle-Upon-Tyne depuis 1969. Les photographies présentées ici proviennent, pour la plupart, d’une série Youth Unemployment commandée au début des années 1980 par la Side Gallery.
Le Royaume-Uni vit ses premières décompositions sociales et politiques engendrées par l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher. Ses conceptions néo-libérales sapent les fondements du Welfare State et sa notion de partage collectif. Avec le déclin des industries manufacturières au profit du secteur tertiaire, la classe ouvrière perd son statut. Pire, elle est reléguée dans l’underclass, concept que l’on retrouve des deux côtés de l’Atlantique, chez les deux âmes sœurs que sont Thatcher et Reagan, qui puise ses sources dans celui de la culture de la pauvreté : c’est la nature même des pauvres que d’être pauvre. Être pauvre n’est plus lié au manque de ressources mais résulte d’une prédisposition à la paresse et à l’inadaptation. On ne peut donc rien faire pour eux.
L’idéologie libérale bat son plein dans ces deux pays, celui de Tish et celui de Stephen. Et les deux photographes sont bien décidés à montrer l’envers du décor, celui des laissés-pour-compte, de leurs quartiers miséreux et de leur quotidien désespérant. Sans que jamais le pathos ou le pittoresque ne s’invite. Sûrement parce que Tish et Stephen ne sont pas des touristes dans de furtives excursions. Pour Tish, ce sont ses proches, sa famille même, et ses amis qu’elle photographie sur les lieux de son enfance. Pour Stephen, chacun des projets présenté ici, que ce soit le Bronx ou la pauvreté des enfants, est le résultat d’un travail de longue haleine, 20 ans pour l’un et plus de 10 ans pour l’autre. C’est là un autre de leurs points communs : une démarche proche de l’anthropologie, en totale immersion avec les sujets photographiés.
Ces images rassemblées, qui s’imbriquent et se croisent, nous offrent le meilleur de la tradition documentaire anglo-saxonne, comme un puissant hommage rendu aux lointains précurseurs, ceux de Mass-Observation et de la Photo League.
ISA BONNET, COMMISSAIRE D’EXPOSITION