"Regard patient, refus de l'immédiat, du choc de
l'événement, immersion dans une réalité où se
mêlent l'attente et l'espoir, la paix du jour et la
menace du lendemain. Il y a quelque chose...qui
parle de paix rêvée et de mort latente. Et je crois
que c'est cela, entre autres, qui filtre des photos de
Klavdij Sluban. Elles parlent de mort, parce que la
mort plane, mais elles la conjurent en même
temps, parce qu'elles parlent aussi de vie, d'être
humains, de terre – et de ce qui attache ces êtres
humains à cette terre : ce qu'ils y ont construit.
D'êtres humains qui veulent, malgré l'oubli (ou le
mépris) du monde, vivre."
Extraits. François Maspero
En s’enfonçant dans la forêt
La faille était là, elle avait toujours été là. Il fallait y aller, s’enfoncer dans cette « fêlure d’infini ». Commence alors une avancée hasardeuse dans les arcanes de la mémoire, à la recherche de mondes perdus. Longue incantation aux êtres disparus tapis dans les replis feuillus d’une forêt du souvenir qui défend son secret.
Les images donnent à voir la force, la fragilité et la fugacité des souvenirs qui se glissent, émergent, disparaissent, tour à tour présents dans une puissance d’évocation, vacillants dans leur passage incertain. Ils viennent et vont, s’ accrochant à des couleurs, des lumières d’un jour, des visages dont les contours se floutent au fil du temps, des sensations qui affleurent. Ce sont des tracés au sable sur la surface soufflée de ma mémoire qui dessinent des lignes s’ estompant avec le passage des lendemains.
Christine Delory-Momberger
Extraits. François Maspero
Christine Delory-Momberger
En s’enfonçant dans la forêt
La faille était là, elle avait toujours été là. Il fallait y aller, s’enfoncer dans cette « fêlure d’infini ». Commence alors une avancée hasardeuse dans les arcanes de la mémoire, à la recherche de mondes perdus. Longue incantation aux êtres disparus tapis dans les replis feuillus d’une forêt du souvenir qui défend son secret.
Les images donnent à voir la force, la fragilité et la fugacité des souvenirs qui se glissent, émergent, disparaissent, tour à tour présents dans une puissance d’évocation, vacillants dans leur passage incertain. Ils viennent et vont, s’ accrochant à des couleurs, des lumières d’un jour, des visages dont les contours se floutent au fil du temps, des sensations qui affleurent. Ce sont des tracés au sable sur la surface soufflée de ma mémoire qui dessinent des lignes s’ estompant avec le passage des lendemains.
Christine Delory-Momberger