Le zoom de mai 2019 /
Under the Sand de Zied Ben Romdhame


INVITÉ D’HONNEUR FOIRE 2019

︎ pour acquérir une photographie de Zied Ben Romdhane︎︎︎

Entretien avec Jean-Pascal Billaud

Avec son dernier récit « Under the Sand » il est Zied Ben Romdham est l’invité d’honneur de la Foire de Photo Doc. et présente un travail qui accompagne et expose la désertification progressive des villages enfouis peu à peu sous le sable des dunes mouvantes du Sahara
Comment choisissez vous les lieux de vos récits?

Je ne photographie pas les conflits médiatisés mais j’essaie de procéder autrement en revenant toujours à une vie quotidienne, que je partage selon les affinités.
Les gens des régions où je travaille s’engagent avec moi. Je tiens à les rencontrer, sans les victimiser dans mes images, tout en leur faisant prendre conscience de leur situation. Mais les villageois de Nowael, Chidma et Sabria, où je me suis installé tous les week-ends ces derniers mois, n’ont pas encore formé une véritable communauté pour lutter contre l‘envahissement du sable ; il y a, ici et là, des petits chantiers subventionnés par l‘Etat pour créer des barrières naturelles autour des villages .

Pourquoi les gens y restent-ils?

Tout le monde y vit grâce à l’agriculture principalement des palmiers dattiers.
De plus l‘Etat veut occuper, pour des raisons sécuritaires, ces régions qui sont frontalières avec l’Algérie et encourage leur repeuplement avec l’offre gratuite de terrains pour la culture et l’habitation.

Quelles autres mesure le gouvernement envisage-t-il?

Il y a des effort du gouvernement avec la création des brise-vents ou l’encouragement à la plantations de palmiers, mais il n’y a pas d’interventions directes pour enlever ou déplacer le sable qui encercle les maisons et les routes. Je pense malgré tout que le gouvernement incite vraiment les gens à rester !

Y a-t-il un problème avec l’approvisionnement en eau?

Non. Il y a une nappe d’eau souterraine très riche dans cette région mais l’abus des forages clandestins et l’exploitation non organisé de l’eau pourrait mettre en danger les ressources d’eau dans le futur.

Tu as été initié à la photo dans le studio de ton oncle au Kef et dans un photo-club à Tunis?

Oui. J’ai débuté dans son petit studio de portraits dans la ville du Kef au nord ouest de la Tunisie. Quand j’ai commencé mes études à la faculté à Tunis j’ai rejoins le club photographique Tahar Haddad où je me suis mis à développer et tirer mes photos. Je me suis installé comme photographe commercial à mon compte.

Comment as tu abordé la photo documentaire?

La photo documentaire est mon moyen d’expression mais surtout un outil d’apprentissage sur ce qui se passe en Tunisie. Je parle surtout de moi au travers de ce qui se passe dans mon pays. Généralement l’environnement dicte le sujet.

Comment arriver à ne garder que l’essentiel?

Je pense que c’est une évolution normale due à la pratique du « story telling ». J’ai compris que si on parle trop, visuellement, on perd l’essence du message. La majorité des sujets que j ai traités est très complexe sur le plan économique, social et environnemental alors j’ai été obligé à un traitement visuel plus élémentaire.

En quoi ton travail peut il transformer la réalité des sujets photographiés?

Je ne pense pas que mes projets puissent transformer immédiatement la réalité des sujets que j’ai traités. Une réalité si compliquée qu’on ne saurait la changer avec un reportage, même sur 2 ans. Je peux donner une nouvelle vision, mettre en exergue quelques problématiques, ouvrir un débat...
Je ne crois pas qu’il y ait de réalité non subjective, et après avoir pris du recul, je pense que je parle également de mes soucis, obsessions, visions.

Comment garder la bonne distance avec tes sujets au fil du temps?

Je lie des relations, petit à petit, au hasard, tout au long du projet. Je ne cherche pas la neutralité. Je suis plutôt dans la subjectivité mais c’est un vrai challenge quand tout devient familier durant un travail sur une longue période dans un petit village.

Quelle est ta position de citoyen tunisien aujourd’hui?

J’ai été et je suis toujours aujourd’hui avec la Révolution... Évolution. Ces changements sont une nécessité pour la continuité de l’Homme.


«Les gens des régions où je travaille s’engagent avec moi. Je tiens à les rencontrer, sans les victimiser dans mes images, tout en leur faisant prendre conscience de leur situation.»